
Le Mouvement du 20 février ne laisse pas indifférent. De jeunes acteurs politiques dressent le bilan de ses deux années d’existence.
Par Salaheddine Lemaizi
Hanane Rihab
Membre du bureau politique de l’USFP et membre du M20F.
Le M20F nous a permis de retourner sur le terrain et de rencontrer les citoyens lors des marches et des sit-in. Aussi, le mouvement nous a-t-il offert une occasion rare de nous rapprocher d’acteurs politiques qui ne partagent pas notre référentiel idéologique. Je pense à Al Adl wa Ihssane. Il nous a permis aussi de renouer le contact avec des membres de notre famille politique comme la Voix démocratique et les autres composantes de la gauche radicale. Ces contacts ont donné lieu à des coordinations sur d’autres thèmes et dans d’autres occasions hors M20F. D’ailleurs, la grande leçon du M20F est la capacité à gérer nos différences dans la sérénité et d’œuvrer à chercher toujours les points communs entre les courants. Le fait d’avoir pu unir un panorama politique très variés autour des revendications centrales que sont la liberté, la dignité et la justice sociale est un succès pour ce mouvement. C’est une leçon pour une société qui aspire à un Etat pluriel, condition sine qua non pour un Maroc démocratique en cours de construction.
Nizar Khairoun
Membre de la Jeunesse de la Justice et du développement (JJD)
Le M20F a redonné ses lettres de noblesse à la politique. Le mur de la peur a été brisé par les citoyens. La jeunesse du PJD a publié un communiqué la veille de la sortie du mouvement soutenant le mouvement. Cette position était à contre courant de la position de Abdelilah Benkirane, SG de notre parti, qui a demandé aux militants de manifester à titre personnel et non pas comme JJD. Malgré cela, notre position comme jeunes du PJD est le soutien de principe aux revendications du M20F. Et nous demeurons attachés à ces revendications. Deux ans après, le M20F a permis aux jeunes de s’intéresser à l’action politique. Sur ce point, le mouvement rejoint notre stratégie de travail. Depuis la création de la JJD, nos efforts ont pour objectif de rapprocher et politiser les jeunes.
Hamza Mahfoud
Membre du Mouvement du 20 février
Dès le début du Mouvement du 20 février, le paysage politique est devenu passionnant. Avant, la politique marocaine était terne et sans suspens. Aujourd’hui, elle est relativement animée. Ce changement ne m’a pas poussé à rejoindre une formation politique, mais grâce au M20F m’a permis de clarifier ma vision politique des choses, clairement à gauche. Au-delà de l’organisation et du label, beaucoup de jeunes ont pu comprendre un peu mieux le Maroc et ses réalités grâce au mouvement. Un réseau de connaissance imprégné par la confiance s’est créé entre ces personnes. Cette communauté d’esprit continue aujourd’hui de coordonner des actions de terrains. On les retrouve dans des initiatives civiles ou culturelles. Dans ces actions, le M20F n’est pas présent comme organisation mais plutôt comme une idée.z
Omar Alaoui
Membre du conseil national du Parti authenticité et modernité (PAM)
Le M20F a permis l’émergence d’une nouvelle conception de la citoyenneté. La jeunesse marocaine a pris conscience de son rôle dans la construction du Maroc possible au sein du champ politique. Elle a compris aussi qu’elle est une force vive de la Nation. Par son discours du 9 mars 2011, Sa Majesté le Roi a répondu aux attentes de cette jeunesse grâce à une constitution avant-gardiste. Maintenant, la jeunesse est appelée à jouer pleinement son rôle en intégrant les partis politiques marocains et en prenant part à la gestion de la chose publique. Je ne vois pas de contradictions entre le PAM et le M20F étant donné que notre parti porte les mêmes revendications sur les volets économiques et sociaux. On partage également le même constat concernant la faiblesse des acteurs politiques et la volonté de faire la politique autrement.
Dossier paru dans le n°205 de L’Observateur du Maroc