#7ACHAK, une lutte acharnée contre la précarité menstruelle
30% seulement des femmes marocaines ont accès aux protections périodiques

Longtemps passée sous silence, la précarité menstruelle est au cœur du débat à l’occasion de la journée mondiale de l’hygiène menstruelle célébrée ce jeudi 28 mai 2021.



« En célébrant cette journée, nous voulons briser le tabou des menstruations tout en éveillant les consciences par rapport à la précarité menstruelle. Une problématique mondiale mais aussi nationale », nous explique Sarah Benmoussa, initiatrice du mouvement #7ACHAK. Lancé le 28 novembre 2019, ce mouvement a braqué les projecteurs sur la problématique des menstruations au Maroc. « 7achak est en effet un média à but non lucratif qui a pour vocation l’accompagnement la femme et sa libération du joug des préjugés », soutient Benmoussa.


Une problématique mondiale

Rappelant que par précarité, l’on veut dire dans ce contexte spécial, le manque ou l’indisponibilité de moyens et de protections périodiques. Considérées dans d’autres pays comme l’un des produits de première nécessité, comme l’eau et le pain, « Les serviettes hygiéniques ne sont pas disponibles pour toutes les femmes marocaines. Les femmes habitant dans les régions reculées, celles en situation de précarité socio-économique, les sans abri ou encore les élèves et étudiantes ou même des femmes actives en ville... », énumère l’activiste féministe. D’après cette dernière, ces femmes sont toutes confrontées un certain jour ou régulièrement au manque de protections périodiques. Une situation délicate qui affecte le bien être et la santé de ces femmes et constituent une véritable problématique au niveau mondial.

Si en Tunisie et en Algérie, 85% et 80% des femmes ont accès respectivement accès aux protections périodiques, au Maroc, on traine encore loin derrière. D’après les chiffres avancés par #7ACHAK, seules 30% des Marocaines y ont droit.

« Le prix des serviettes ajouté au manque de moyens financiers prive de nombreuses femmes au Maroc et ailleurs d'un accès démocratisé à des protections périodiques dignes de ce nom », nous affirme-t-on auprès du mouvement. D’après ses initiateurs, c’est souvent une question de frein psychologique. Le sujet des menstruations en général étant encore un tabou. « Au lancement de notre action, nous avons eu beaucoup de reproches par rapport au sujet qui devrait, selon nos détracteurs, passer sous silence », nous explique-t-on.

Démocratiser la protection périodique

Insistant sur l’importance d’en parler et d’encourager le débat autour du sujet, #7achak n’oublie pas les actions sur le terrain en tentant de trouver des solutions pour démocratiser l’accès à la protection menstruelles et aux serviettes. « Cette année, en partenariat avec la marque de lingerie made in Morocco Hurya, nous avons lancé une collection #7achak. Cette dernière fera l’objet d’une action associative sous forme de don de culottes menstruelles », nous apprend Sarah Benmoussa. « La mention #7achak est là sur les culottes pour rappeler que la précarité menstruelle est un problème d'ordre mondial et que l'hygiène menstruelle est un besoin primaire pour toute femme », ajoute-t-elle.

Des culottes « engagées »

D’après cette dernière ces culottes menstruelles, ont l’avantage de respecter l’environnement. Une femme utilise près de 11,000 protections hygiéniques durant sa vie. Soit plus de 45 milliards de déchets par ans sachant qu’il faut 500 ans environ à ces produits pour se dégrader. « C’est également un enjeu de santé vu les récentes polémiques sur la nature toxique des protections hygiéniques classiques et les conséquences sur la santé des femmes », explique-t-on auprès de 7achak. Dans cet argumentaire, on n’oublie pas non plus l’enjeu économique lié au coût de la protection menstruelle. Une femme marocaine dépensera en moyenne près de 22.000 MAD pour ses protections hygiéniques.

Bravant le tabou, le mouvement 7achak s’est associé au créatif franco-marocain Samy Snoussi, pour peindre une fresque murale intitulée « La trace humaine », au quartier CIL à Casablanca. « C’est une fresque pour célébrer le corps féminin, rendre hommage à ces femmes qui ont donner naissance aux 7 milliards d'individus peuplant cette terre tout en laçant une invitation à briser le tabous des menstruations au Maroc », explique Benmoussa. Rappelons que la journée mondiale de l'hygiène menstruelle est organisée tous les 28 mai depuis 2014. Son objectif ? Sensibiliser et expliquer les difficultés auxquelles sont confrontées les femmes pendant leurs périodes menstruelles.