Fondation AWB. Comment positionner la rive Sud de la Méditerranée?
Le développement de l’Europe ne peut se faire sans la rive sud de la Méditerranée.

Le développement de l’Europe ne peut se faire sans la rive sud de la Méditerranée. Quelle place auront les pays de cette région dans le monde de demain ? Quels enjeux géostratégiques vont influer sur les relations avec le reste du monde ?



« Contrairement aux idées préconçues, la mondialisation ne serait pas remise en cause. En revanche, elle est appelée à être remodelée avec la multiplication de groupements régionaux. Dans cette dynamique, la réalité africaine doit être renforcée via la coopération Sud-Sud », affirme l’ancien Ambassadeur et CEO de Positive Agenda Advisory Fathallah Sijilmassi, lors de la rencontre organisée par la fondation Attijariwafa bank, dans le cadre de son cycle de conférences digitales « Echanger pour mieux comprendre » sous la thématique « Le monde d’après : quelle place pour les pays de la rive sud de la Méditerranée ? ». De son côté Agnès Levallois, enseignante à l’IEP (Institut d’études politiques) de Paris, et vice-présidente de l’Institut de recherche et d’études Méditerranée Moyen-Orient (iReMMO) estime que le développement de l’Europe ne peut se faire sans la rive sud de la Méditerranée. « Il est dans l’intérêt de l’Europe de repenser la coopération avec la zone Sud, tout en engageant un débat sur l’arbitrage des priorités entre l’Est du continent et le Sud de la Méditerranée ». L’arrivée de nouveaux acteurs comme la Chine, la Russie ou la Turquie, obligerait l’Europe à réévaluer sa relation dans le sens d’un rééquilibrage entre les zones Est et Sud, en évitant de tomber dans des relations exclusives ».Cependant, Agnès Levallois, ajoute que l’échec de l’intégration régionale des pays maghrébins ne permet pas, à ce jour, d’optimiser cette coopération. De plus, elle leur coûte, selon elle, chaque année, 2 points de croissance, soit un manque à gagner considérable. « En l’absence de cette intégration, le Maroc a développé ses échanges avec les pays de l’Afrique subsaharienne. Et la consolidation de cette coopération Sud/ Sud intra-africaine (via l’Union africaine notamment), accroît les chances de construction d’un partenariat plus fort et plus équilibré avec l’Europe. D’où la nécessité d’accélérer la résilience africaine qui soit à la fois inclusive, verte et digitale », explique t-elle. Sur la reconfiguration mondiale actuelle, Fathallah Sijilmassi est catégorique «les pays émergents ont eux aussi développé des leviers pour apporter des solutions, tout en jouant un rôle plus important à l’international, au-delà des considérations économiques ou sécuritaires », juge t-il.