Industrie maritime. La reprise est bien là
Vue aérienne du port Tanger Med

Pour le président de Association Professionnelle Des Agents Maritimes (Apram), si l’industrie maritime marocaine va bien c’est bien parce que l’industrie maritime mondiale va bien. «Il est tout à fait normal que les opérateurs maritimes tirent leur épingle du jeu», ; souligne-t-il dans cette chronique. Explications.

Pour quoi cet article ?

Etant un homme de terrain, j’aime triturer les chiffres et parler de faits factuels et vérifiables.

Nul besoin de m’étaler sur l’année 2020. Nous sommes tous d’accord. Elle fut une "annus horribilis” pour tout le monde. Les difficultés étaient mondiales et les répercussions aussi.

Nous, les agents maritimes, nous étions à la première loge pour témoigner de ces difficultés, puisque nous les avions vécues. Nous pouvons, aussi, témoigner des prémices de la reprise. Ce n’est pas une vue d’esprit, mais une réalité que je présente dans cet article.

La reprise est là

Dès le milieu du premier trimestre de 2021, les prémices de la reprise économique ont commencé à poindre. D’ailleurs, la Cnuced1 n’a pas tardé à signaler que le commerce mondial des biens et services atteindra 6.600 milliards de dollars au 2ème trimestre.

Cette embellie est portée, principalement, par des plans de relances aux montants colossaux mis en place par les grandes puissances économiques. Les Etats-Unis ont injecté 1.900 milliards $ dans leur économie, la France 450 milliards €, l’Allemagne 370 milliards € et la Chine 156 milliards €. Pour ne citer qu’eux.

Ces fonds injectés ont, tout naturellement, dopé la demande interne de ces économies. Celle-ci a, par voie de conséquence, entraîné une hausse du trafic mondial. Cette hausse a provoqué, dans son sillage, une augmentation des prix des matières premières et des intrants. Et par conséquent, une rupture de stocks de plusieurs produits à l’échelle mondiale.

Economiquement parlant, l’actuelle hausse mondiale sans précédent du coût du fret, qui n’a épargné aucun pays, n’est ni plus ni moins que le résultat de la loi de l’offre et de la demande.

Le basic en économie veut que lorsque la demande augmente, les prix augmentent aussi. Quand c’est l’offre qui augmente, les prix baissent.

Faut-il rappeler que, pendant une quinzaine d’années, l’offre du transport maritime était plus importante que la demande, donc l’opérateur économique a bénéficié du jeu de la libre concurrence.

Au Maroc, aussi

Le Maroc a, certes, pâtit des conséquences de la pandémie. Tous les secteurs exportateurs ont été touchés. Le tourisme a subi de plein fouet l’arrêt d’activité.

Selon le FMI, le Maroc a enregistré, en 2020, la plus grande contraction de son économie depuis 25 ans, chiffrée à 7,2%.

Or, comme partout dans le monde, les contours de la reprise économique au Maroc se précisent, aussi. Pour preuve: les investisseurs internationaux ont répondu favorablement à toutes les demandes de financement et d’emprunt du Maroc.

Cette confiance des investisseurs a des raisons purement économiques. Le Maroc représente d’importantes garanties de solvabilité. En micro-économie, on parle de cash flow des entreprises. Cette capacité de l’entreprise à pouvoir rembourser ses dettes.

Donc, on peut paraphraser en disant que le Maroc présente des garanties de remboursement. Ces garanties sont portées par des facteurs internes et externes. Une autre preuve de cette capacité: dans son dernier rapport, le FMI a souligné la résilience de l’économie marocaine. Les facteurs explicatifs de cette résilience sont nombreux. J’en prendrai certains pour étayer mes propos. Autre indicateur en hausse: la campagne céréalière va tripler cette année. Elle augmentera de 206%, avec un tonnage de 98 millions de quintaux, selon le ministère de l’agriculture. Sur la même tendance, les ventes de ciment ont enregistré une hausse de 111% par rapport à 2020. Le secteur de l’offshoring marocain, lui aussi, se développe et s’internationalise. Et la liste est longue.

Dans notre domaine d’activité, les chiffres sont, aussi, à la hausse. Et ne nécessitent aucun commentaire. Le premier trimestre 2021, à TangerMed, a été bouclé par une croissance historique du fret conteneurisé de 35% à la fin mars 2021 par rapport à 20203.

A fin avril 2021, les ports gérés par l’ANP ont enregistré une hausse de trafic global de 5,1%4. Cette hausse a concerné tous les ports marocains de commerce.

Une autre information de cette résilience de l’économie marocaine. Les réalisations portuaires, elles aussi, ne sont pas en reste. Ces investissements colossaux viennent répondre à une hausse très importante du volume du commerce extérieur marocain.

Le chapelet des complexes industrialo-portuaires va bon train: Après TrangerMed, NadorWestMed, Kénitra Atlantique, bientôt, Dakhla Atlantique. L’appel d’offre a été lancé. Bientôt, nous connaîtrons l’adjudicataire.

Part du maritime dans le prix de revient

C’est un point extrêmement important qu’il faut bien souligner. Grâce, d’abord, à la conteneurisation et, ensuite, à la massification de fret conteneurisé, la part du coût du transport maritime dans le coût de revient des produits est devenue dérisoire.

D’après John Butler, président de World Shipping Council, l’association mondiale des transporteurs maritimes, "la part du maritime se situe entre 0,5 à 1,5% du coût de revient”, confie-t-il au journal «Les Échos week-end».

Dit autrement, le coût du transport maritime dans une basket Nike ou dans une tablette de chocolat Mars est très insignifiant. Le gigantisme des porte-conteneurs profite au consommateur final.

Maillon indispensable

Au pic de la pandémie, les opérateurs de l’industrie maritime n’ont pas failli à leur rôle. Ils sont restés aux avant-postes. Bravant l’incertitude et dans le respect des mesures barrières, ils ont assuré, au quotidien et en temps réel, les approvisionnements de notre économie en produits de tout genre.

Les agents maritimes sont au coeur de cette communauté. Nous continuerons à assumer notre mission quels que soient les difficultés.

Encore une fois, je prends mon rôle de pédagogue pour réexpliquer que l’agent maritime est mandataire seulement pour le compte d’un armateur pour accomplir, sur le sol national, certaines tâches et formalités pour fluidifier le traitement des escales des navires dans les ports marocains.

Par conséquent, l’amalgame, que certaines parties essaient de créer, autour du rôle de l’agent maritime, est sans fondement factuel et vérifiable.

L’Apram, que j’ai l’honneur de présider, continuera à se focaliser sur des prises de positions constructive et citoyennes pour améliorer l’environnement des affaires dans notre secteur d’activité et restera un acteur incontournable dans les projets de facilitations des procédures du commerce extérieur marocain.