Bennett-Lapid doit faire face à Biden alors que des tentacules de la Chine poussent en Israël
Une entreprise chinoise, interdite aux États-Unis, est parmi les soumissionnaires à l'appel d'offres du chantier du le tramway de Tel-Aviv qui sera adjugé dans les prochains jours.

Rappelez-vous qui a remporté l'appel d'offres pour construire le port d'Ashdod en 2014 pour un milliard de dollars ? La réponse : China Communications Construction Group.

Vous vous souvenez de la centrale électrique d'Alon Tavor vendue récemment pour environ 600 millions de dollars ? Celle-ci a également été vendue à une filiale du même groupe chinois.

Et qu'en est-il des lignes verte et violette du tramway de Tel-Aviv ? Un appel d'offres est actuellement en cours pour connaître le constructeur des deux tronçons de voie qui s'étendront sur des dizaines de kilomètres et comporteront une centaine d'arrêts. Un groupe en compétition pour le projet de plusieurs milliards de dollars a une société nommée China Railway Construction Company (CRCC). On saura ce qu’il en sera de l'appel d'offres dans les prochains jours.

Cette même CRCC est en Israël depuis un certain temps. L'une de ses filiales, la China Civil Engineering Construction Corp. (CCECC), a creusé le tunnel Gilon dans le nord en 2014 pour un coût d'environ 200 millions de dollars. En 2010, elle a travaillé en tant que sous-traitant sur le projet du tunnel du Carmel pour un coût d'environ 150 millions de dollars. Et au cours des deux dernières années, elle a travaillé sur la ligne rouge du tramway de Tel-Aviv pour un coût d'environ 500 millions de dollars.

Les noms de ces sociétés valent tous la peine d'être bien gardés à l'esprit, depuis que le président américain Joe Biden a publié la semaine dernière un décret leur interdisant de bénéficier des investissements américains en raison de liens présumés avec la technologie de défense ou de surveillance utilisée en dehors de la Chine, ainsi qu'à l'intérieur pour faciliter des violations des droits.

En d'autres termes, alors que les Américains ne peuvent pas faire affaire avec le China Communications Group qui construit le port d'Ashdod, Israël le peut. Et tandis que les Américains ne peuvent pas faire affaire avec le CRCC, qui pourrait être retenu pour la construction des lignes violette et verte dans les jours à venir, Israël semble penser qu'il le peut.

Il s'agit d'une crise diplomatique persistante et qui sera l'un des problèmes les plus épineux que le nouveau gouvernement - dirigé par les nouveaux dirigeants de la coalition Naftali Bennett et Yair Lapid - devra résoudre dans le cadre de ses relations avec l'administration Biden.

La question de l'implication chinoise dans la construction et l'exploitation d'infrastructures critiques en Israël a déjà été soulevée lors de discussions entre des responsables américains et leurs homologues israéliens. Pour l'instant, il semble que les conversations aient été pour la plupart amicales et polies, mais à Jérusalem, on sait déjà que cela ne le restera pas longtemps.

Ce n'est pas non plus un problème nouveau pour Israël. Avant le déclenchement de la pandémie de coronavirus, les relations commerciales israélo-chinoises étaient devenues un champ de mines pour le Premier ministre Benjamin Netanyahu dans ses relations avec l'administration du président américain Donald Trump, qui adoptait une position politique ferme en ce qui concerne Pékin.

En octobre 2019, et sous la pression de Washington, Netanyahu a mis en place un comité consultatif pour examiner les investissements étrangers, avec un accent particulier sur la Chine. Le comité consultatif est dirigé par le ministère des Finances et est censé examiner les aspects de sécurité nationale dans le processus d'approbation des investissements étrangers.

En janvier, quelques jours seulement avant de quitter ses fonctions, l'ancien ambassadeur des États-Unis, David Friedman, a déclaré au Jerusalem Post que la menace que la Chine fait peser sur le monde continuera d'être un «problème permanent et dynamique» entre Israël et les États-Unis.

Israël, a-t-il dit, était auparavant dans une meilleure posture, mais «les garde-fous doivent toujours être renforcés en termes d'investissements malveillants chinois».

Et encore une fois, mardi dernier, l'administration Biden a déclaré qu'elle mettait en place une nouvelle «force de défense» pour lutter contre les pratiques commerciales déloyales, en particulier de la Chine.

Israël devra s'adapter à cette nouvelle réalité en commençant à prendre la menace chinoise plus au sérieux. Il devra également choisir son camp, et la réponse devrait être facile. Sinon, cela pourrait devenir la prochaine grande crise entre le nouveau gouvernement à Jérusalem et le président américain.

Lire cet Editorial en anglais : Bennett-Lapid have to face Biden as China’s tentacles grow in Israel