Femmes marocaines et politique : Un processus en marche
La parité, le combat continue

La question des femmes constitue un sujet de débat majeur, un enjeu de développement pour le Maroc tout comme pour le reste du monde. Elle est posée comme une nécessité absolue pour une transformation en profondeur du jeu politique. Par Nabila Alaoui*

Sa Majesté le Roi Mohammed VI a inauguré une nouvelle ère basée sur la modernité, plaçant les hommes et les femmes au cœur du processus de développement et ce, conformément aux engagements internationaux auxquels le Maroc a adhéré tout en préservant son identité nationale. Le Roi « réformateur » a ainsi exprimé, à maintes occasions, sa volonté d’atteindre une meilleure inclusion sociale, économique et politique des femmes afin de remédier aux discriminations dont elles font l’objet, « Comment espérer assurer progrès et prospérité à une société alors que ses femmes, qui en constituent la moitié, voient leurs droits bafoués et pâtissent d’injustice, de violence et de marginalisation, au mépris du droit à la dignité et à l’équité que leur confère notre sainte religion ?».

L’année électorale de 2021, un défi démocratique majeur pour le Maroc.

Les grandes tendances mondiales en faveur des droits des femmes démontrent que la volonté politique est un facteur déterminant en termes de progression de la représentation des femmes. Leur participation politique aboutit à des gains tangibles pour la démocratie, y compris quant aux besoins des citoyens.

Ainsi, la Constitution de 2011 a évolué vers une plus grande égalité entre les sexes tant au niveau de l’intégration du genre que dans l’autonomisation politique des femmes, leur représentation dans l’espace public et l’action participative.

A chaque élection, la représentativité de la femme resurgit dans le débat politique posant la question sur l’efficacité des mesures prises par notre pays en la matière.

Le législateur marocain a opté pour un système de quotas de sièges avec un plus grand pourcentage de femmes à des postes de pouvoir politique. Il est demandé aux partis politiques d’appliquer ce principe des quotas.

Cependant, ce système, censé augmenter la part des femmes, ne présente aucune garantie puisque le dispositif ne fait qu’encourager et n’oblige en rien ces mêmes partis politiques. A lui seul, il s’avère donc insuffisant, comme en témoigne le classement de l’Union Interparlementaire de janvier 2021, le Maroc occupant le 114ème rang au niveau mondial. L’étude des chiffres conduit à remettre en cause les quotas sans pénalités.

Notion imparfaite

L'égalité institutionnelle et juridique a été une grande victoire pour les femmes, néanmoins elle ne correspond pas à une égalité de facto. Des obstacles perdurent bloquant certaines avancées en matière de représentation politique des femmes. La notion des droits de la femme n’est pas aussi parfaite que l’aurait voulu le législateur marocain, le pouvoir demeurant incontestablement masculin.

Ainsi, la Chambre des Représentants comprend 81 femmes parlementaires sur un nombre total de 395 élus en Octobre 2016, soit 20,50%. Les femmes occupent 13 des 120 sièges à la Chambre des Conseillers, soit une moyenne de 10,83%.

Au niveau régional, sur les 12 régions, seulement deux femmes occupent la présidence de région. Quant à la présence des femmes à la présidence des Conseils communaux et des Conseils provinciaux, elle reste très limitée : sur 1.503 communes, seulement 21 sont présidées par des femmes.

Globalement, toutes les interventions ont laissé voir que le chantier de l’autonomisation des femmes reste inachevé, malgré les avancées et le chemin parcouru.

L'étude annuelle du Forum économique mondial "évalue l'évolution des écarts entre les sexes" sur quatre axes, celui de la participation et des opportunités économiques, de la santé et de la survie, de la disponibilité de l'éducation et de l'autonomisation politique.

Au vu de ces quatre axes, le Maroc a obtenu le meilleur score en matière d'autonomisation politique, se classant au 113ème rang mondial. En termes de niveau d'éducation, le Maroc se classe 116ème, tandis qu'en matière de santé et de survie, il se classe 129ème. Quant à la participation économique globale et d'opportunités, le Maroc se classe à la 148ème place.

Nouveau modèle

La représentation des femmes dans les instances politiques et dans les instances décisionnelles reste encore faible. L’intégration des femmes dans le marché du travail est lente. Les disparités salariales, l’éducation des filles dans le monde rural et leur déscolarisation ainsi que les chiffres encore élevés des mariages de jeunes filles mineures rendent plus difficile l’émancipation des femmes au Maroc.

De même, le manque d’autonomie financière des femmes et leur accès restreint aux moyens de production, l’analphabétisme, la violence sous toutes ses formes, limitent sévèrement leur implication dans la vie politique et citoyenne du pays.

C’est dans cette optique que le nouveau modèle de développement se veut une opportunité d’inclure toutes les strates de la société en créant un lien social consolidé ; lien qui ne peut se faire qu’avec les femmes, actrices et partenaires à part entière au développement du Maroc. La situation des femmes est un indicateur essentiel de la nature du changement opéré et leur participation politique est un facteur déterminant pour la construction démocratique à venir.

Par ses réformes institutionnelles et politiques, le Maroc a relevé ces défis et s’est donné les moyens d’œuvrer pour un nouveau modèle de développement, intégrant l’égalité du genre, faisant du plafond de verre qu’est la participation politique des femmes un but à portée de main.

Nabila Alaoui est Docteur en Droit public