« Souwlou Dmou3i », la nouvelle série signée Brahim Chkiri
Une série est produite avant qu’elle ne soit vendue

Le réalisateur Brahim Chkiri nous parle de sa nouvelle série télévisée « Souwlou Dmou3i » (demandez à mes larmes). Un drame social qui met en scène une vingtaine de stars qui se partagent la vedette.

Tournée à Marrakech, la série de 30 épisodes diffusée actuellement sur une chaîne arabe, s’articule autour de divers phénomènes de société qui mêlent amour, vengeance, jalousie, haine, et tolérance entre plusieurs protagonistes. Des relations qui s’entremêlent et plusieurs personnages qui doivent affronter une série d’épreuves et prendre des décisions délicates. De grandes stars y participent dont Younes Megri, Rafik Boubker...

Souwlou Dmou3i


Parlez-nous de votre nouvelle série ? Pourquoi cette thématique ?

« Souwlou Dmou3i » (Demandez à mes larmes) est un drame romance et une histoire d’amour. En fait, c’est l’histoire d’une vingtaine de personnages dont les destins s’entremêlent, des relations compliquées entre frères, entre amoureux et entre parents et leurs enfants qui se retrouvent liés par des sentiments de vengeance, d’amitié, d’amour, de haine, de jalousie et qui sont tous à la recherche de la famille. Ceci à travers l’histoire de deux jeunes filles qui vivent de nombreux événements qui se chevauchent.

Il y a pas mal de rebondissement d’un épisode à l’autre, et c’est l’évolution de certains personnages qui est intéressante, c’est une thématique de l’évolution au niveau des sentiments et des valeurs.

Comment s’est fait le choix des acteurs ?

C’était à la fois simple et en même temps très compliqué. Etant donné que nous avions beaucoup de personnages principaux, on a décidé avec la production d’avoir les meilleurs acteurs pour l’ensemble des rôles, des gens qui sont capables de rendre vivants et vrais les personnages qui étaient si bien écrits. C’était très difficile de faire des choix parce qu’on avait des personnages qui passaient d’un état à l’autre, ça a pris beaucoup de temps, il fallait que les acteurs s’entendent entre eux, qu’il y ait beaucoup d’énergie. En fait, il fallait qu’on sente la profondeur des personnages.



En quoi la série se démarque-t-elle des autres ?

C’est la première fois qu’une série est produite avant qu’elle ne soit vendue. En général, les séries au Maroc sont des productions de chaines de télévision qui remettent à des sociétés de productions l’exécution du projet, c-à-dire le vrai enjeu n’est pas dans la qualité mais dans l’exécution du projet alors que c’est le contraire pour cette série, c’est une société qui a investi pour créer ce projet et le vendre par la suite. Donc, son objectif premier est d’avoir la meilleure écriture, la meilleure réalisation, le meilleur casting, les meilleurs décors. Ce qui est beaucoup plus enrichissant en terme artistique. C’était un travail de longue haleine, ça a duré plus d’un an dans l’écriture et la préparation, dans le choix des gens, des lieux...

Y-a-t-il une différence entre la réalisation télévisée et la réalisation cinéma ? Avez-vous une préférence ?

Pour moi, il n’y a pas de véritable différence. Il y a une différence sur les thématiques peut-être, sur l’objectif, sur les sujets qu’on traite, parce qu’à la télévision, nous nous invitions dans la maison des gens, donc on doit respecter ces gens, leurs valeurs, les familles, les lieux dans lesquels nous rentrons. Alors qu’au cinéma, c’est la personne qui vient chez nous, elle a payé son billet pour venir voir un film donc, on doit travailler sur elle pour faire accepter les thèmes. Au niveau technique et artistique, on essaie d’appliquer à la télévision un travail de cinéma (les caméras utilisées, la manière de travailler, l’organisation, le découpage, ...).

En ce qui me concerne, au Maroc, je préfère beaucoup plus travailler pour la télévision que pour le cinéma, parce qu’il y a un véritable engouement pour les séries télévisées qui parviennent à toucher le plus grand nombre de personnes et le but d’un réalisateur c’est justement de toucher les gens. Les séries nous permettent de rentrer dans les maisons, de partager des idées, de raconter des histoires, alors que le cinéma reste très modeste au Maroc, il y a très peu de salles de cinéma, elles sont toutes en train de fermer, les distributeurs ne font pas leur travail, ils sont des amateurs dont l’objectif est de gagner un peu d’argent, sans tenir compte de ce qu’ils font. Ils vendraient des patates, ce serait la même chose. Le cinéma au Maroc, c’est un peu compliqué, principalement à cause du manque criant des salles et des soucis de distribution !

Zouhir Bahaoui- Souwlou Dmou3i


Avez-vous eu des contraintes de tournage ?

Oui comme dans tous les tournages, certaines scènes sont assez complexes à filmer, c’est normal, ça fait partie du jeu, c’est le défi pour réaliser une bonne série et de bons projets audiovisuels. Mais on a une chance d’avoir une boite de production qui était constamment dans le dialogue et qui nous a aidés à trouver des solutions pour surmonter toutes les difficultés. Ce n’est pas toujours évident mais il y a un grand respect du réalisateur et un grand échange artistique entre la production et le réalisateur qui ont tous deux les mêmes objectifs.

Des projets pour le cinéma ?

Oui, parce que j’aimerais avoir un travail plus précis, un travail différent de ce qu’on fait à la télévision. J’ai fait un film qui s’appelle « Come-back », qui est une oeuvre d’envergure et compliquée. Le film raconte l’histoire vraie d’une jeune femme qui part en Syrie pour récupérer son fils adolescent qui a fugué. En suivant son itinéraire, dans sa quête pour trouver son enfant, on découvre les horreurs de la guerre, de la séparation...C’est une histoire d’amour maternel avant tout, l’amour d’une femme pour son enfant et l’amour de l’enfant pour sa mère, dans un contexte de guerre.