Retraite : Les femmes fonctionnaires réclament les droits de leurs enfants
Les femmes fonctionnaires revendiquent l'égalité

# ma famille a le droit de profiter de ma retraite, c’est le nouveau hashtag en vogue actuellement. Les femmes fonctionnaires réclament le droit de leurs enfants et leurs parents à leur retraite après leur décès, comme c’est le cas pour leurs collègues masculins. Une forte mobilisation et une injustice qui relance le débat sur la parité. 



En colère, les femmes fonctionnaires mènent une fronde sur les réseaux sociaux. L’objet de leur grogne ? La privation de leurs familles et leurs enfants de leurs pensions de retraite en cas de décès.

Colère et insécurité

« J’étais choquée le jour où j’ai découvert le triste destin des deux orphelines dont la mère était une professeur et qui n’ont plus de quoi vivre après sa mort. Je croyais que la même loi est appliquée pour tout le monde et de la même manière. Femmes et hommes, les fonctionnaires s’acquittent des mêmes tâches, honorent les mêmes engagements et font les mêmes cotisations, logiquement ils doivent avoir les mêmes droits », s’insurge Bouchra Elhaddaoui sur « le Groupe des femmes fonctionnaires réclamant l’égalité dans la loi sur les retraites ». Fraichement créé, ce groupe facebook compte déjà 17.000 membres et ne cesse de grandir. Largement partagé, le hashtag # ma famille a le droit de profiter de ma retraite fait le tour des groupes et investit les réseaux sociaux.

Une forte mobilisation qui selon les initiateurs, « n’est que l’expression d’un profond sentiment d’injustice et de ségrégation basée sur le genre », affirme Sanaa Dalil, fonctionnaire et activiste féministe. Citant le cas des deux jeunes filles privées de la pension de leur mère décédée et dont la triste histoire a fait le tour des réseaux sociaux l’année dernière, les membres s’inquiètent pour l’avenir de leurs enfants. « C’est vraiment injuste et triste d’offrir la fleur de notre âge à la fonction publique pour au final voir nos enfants privés du fruit de notre travail et de nos efforts », regrette Souad Ghziyel.

On réclame l’égalité

Même amertume et même inquiétude pour Khadija. M, divorcée et prenant seule en charge son fils. « Si un jour il m’arrive quelque chose, ou que je disparaisse, comment mon fils pourra-t-il survivre seul et sans sources alors qu’il est délaissé par son père ? Je trime aujourd’hui pour le protéger demain mais avec ce système c’est une peine en vain ! », se révolte la jeune mère.

Des reproches mais aussi des réclamations, les femmes fonctionnaires ne se contentent pas de critiquer. Elles réclament l’égalité avec leurs confrères de la gent masculine et le même traitement de leurs héritiers par rapport à la pension de retraite « C’est une grande injustice et un flagrant cas de disparité basée sur le genre », fustige Wiaam Gharib, une membre du groupe. Le sens pratique, cette dernière va directement au but « Soit l’Etat nous laisse nos salaires intacts sans prélèvements ni allocations, soit on offre à nos héritiers et à nos enfants la possibilité de bénéficier de nos pensions de retraite comme c’est le cas pour les hommes fonctionnaires », réclame-t-elle.

Un salaire enterré

Tout comme cette activistes, elles sont nombreuses les femmes fonctionnaires qui n’arrivent pas à comprendre pourquoi leur salaire sera enterré avec elles à leur mort. « Un salaire qui disparait avec la fonctionnaire en laissant ses enfants et parfois ses parents exposés à la pauvreté et à la misère surtout lorsque la femme est la seule pourvoyeuse du foyer », ajoute Roba Yassir, qui élève seule une fille de 18 ans et promets de mener ce combat pour l’égalité jusqu’au bout pour assurer l’avenir de sa fille.

Un combat qui commence déjà à mobiliser certains partis politiques. Une question a été d’ailleurs adressée au parlement, au ministre des finances, par la députée Amal Âarbouch du PAM, dans ce même sens. Une question orale qui note l’aspect injuste de ce système. « La femme fonctionnaire cotise durant toute la durée de son service aux caisses de retraite, la confiscation des droits de ses enfants et de ses parents après son décès est une atteinte profonde au principe d’égalité et de parité dans la fonction publique. Quelles sont les mesures prises pour corriger cette injustice ? », questionne la députée.

Rappelons que selon l’article 36 de la loi sur les pensions civiles, les enfants d’une femme fonctionnaire peuvent profiter de 100% de sa pension de retraite dans le cas du décès de leur père et de 50% s’il est toujours en vie. Pour pouvoir profiter de la pension de leur mère, l’enfant doit être légitime, ne doit pas être marié ni avoir plus de 16 ans. Cette condition tombe si l’enfant poursuit toujours ses études et peut atteindre jusqu’à 21 ans. Quant aux enfants atteints d’infirmités ou aux besoins spécifiques les rendant complètement impotent, ils bénéficieront sans limites de la pension de leur mère.