Iran : la communauté internationale se joint aux appels à une enquête internationale sur le massacre de 1988
Les massacres de 1988. Dossier chargé pour le Président iranien

L’opposition iranienne a récemment organisé une conférence qui a porté sur le massacre de 1988.  Ce massacre dans lequel plus de 30 000 prisonniers politiques ont été exécutés, dont la majorité appartenaient à l’organisation des Moudjahidines du peuple d'Iran (OMPI / MEK Iran). La conférence s’est à la fois concentrée sur les spécificités du massacre tel que décrit par les survivants et les questions juridiques qui l'entourent. Hamid Enayat

Plus de 1 000 anciens prisonniers politiques et témoins des exécutions massives du régime ont assisté à l'événement, dont beaucoup se sont adressés à un public mondial via une diffusion vidéo en direct.

Ils étaient accompagnés d'un groupe de décideurs européens et de juristes qui ont donné un aperçu du rôle que les gouvernements et les systèmes judiciaires occidentaux pourraient jouer dans la poursuite des principaux coupables du massacre, dont l'actuel président du régime, Ebrahim Raïssi.

Le Groupe de travail des Nations Unies sur les disparitions forcées s'est joint à l'appel pour une enquête internationale sur les crimes commis en 1988. Selon son rapport : « Le Groupe de travail réitère les préoccupations exprimées au sujet de la dissimulation continue des lieux de sépulture des personnes disparues de force et qui auraient été exécutées entre juillet et septembre 1988 dans tout le pays. Le Groupe de travail rappelle qu'une disparition forcée se poursuit jusqu'à ce que le sort et l'endroit où se trouvent les personnes concernées soient établis, et se joint à l'appel pour une enquête internationale sur l'affaire ».

L'accession de Raïssi à la présidence a alimenté la campagne la plus récente pour la responsabilisation, et plusieurs orateurs à la conférence ont souligné que les gouvernements occidentaux avaient désormais plus que jamais la responsabilité de traduire ces dirigeants en justice.

La reconnaissance internationale du casier judiciaire de Raïssi a été renforcée lors de la conférence, qui a souligné que son soutien passionné au massacre l'avait rendu complice non seulement de crimes contre l'humanité mais aussi de génocide.

Geoffrey Robertson QC, un avocat britannique et expert des droits de l'homme, a affirmé lors de la conférence que les motivations théologiques sous-jacentes à la fatwa de Khomeiny soutenaient l'idée de qualifier le massacre de génocide et de poursuivre les auteurs de manière appropriée.

Selon Robertson, un acte de génocide est défini comme « tuer ou causer des dommages mentaux ou physiques graves aux membres d'un groupe racial ou religieux dans l'intention de détruire ou de déplacer complètement ce groupe ». Il a ajouté que « Ceux qui avaient une vision différente de l'islam étaient le groupe religieux que le régime iranien avait l'intention de détruire ».

Dans sa déclaration avant la réunion de vendredi, la dirigeantede l'opposition iranienne, Mme Maryam Radjavi, a souligné ce sinistre agenda. « La fatwa de Khomeiny était un décret explicite pour exécuter tous les Moudjahidines qui sont restés inébranlables », a-t-elle déclaré. « L’objectif du régime va bien au-delà de l'exécution de plusieurs milliers. C'est l'effacement d'une génération, d'une idéologie et d'hommes et de femmes qui ont rejeté l'extrémisme religieux sous couvert de l'Islam et ont défendu la liberté et la dignité humaines. »

« C’est donc pour des raisons religieuses, pour l’appartenance à une religion ces gens ont été massacrés, ils ont été considérés comme des apostats donc ça correspond parfaitement à la définition de l'article 2 de la Convention de 1948 sur le génocide. Donc il n'y a aucun doute pour dire que ces faits son bel et bien des faits de génocide même si le mot génocide est parfois utilisé de manière un petit peu excessive il ne demeure pas moins qu'ici, dans ce cas particulier, à particulier, des massacres de 1988 peut juridiquement parfaitement être qualifié de génocide », selon Éric David professeur belge l’expert du code pénal international.

En outre, les experts juridiques ont souligné qu'une fois l'affaire présentée avec succès à la communauté mondiale, toutes les nations qui ont adhéré à la Convention sur le génocide doivent prendre des mesures pour aider à la responsabilisation et à la dissuasion des personnes soupçonnées d'avoir commis le crime.