Les SDF, prochains bénéficiaires de la vaccination ?
Non identifiés et non recensés, les SDF représentent un défi en termes de vaccination

Les sans-abri (adultes et mineurs) seront les prochains bénéficiaires de la campagne de vaccination. Toutefois les difficultés liées à leur identification risquent de limiter l’impact d´une telle mesure.



C’est une question d’équité, comme le soutient Dr Said Afif, membre du Comité Scientifique et Technique de la Vaccination et Président de la Fédération Nationale de la Santé. D’après lui, les enfants âgés de 12 à 17 ans et vivant dans la rue, recevront les deux vaccins Pfizer-Moderna ou Sinopharm afin de les protéger contre les formes graves du Covid-19. Une étape importante à franchir pour atteindre l’immunité collective. Si la réflexion concernant la vaccination des enfants et des adultes SDF est déjà engagée, leur identification risque néanmoins de compliquer les choses.

Difficile à recenser cette frange de la population représente un véritable défi. Ainsi, les autorités compétentes procéderont dans un premier temps à l’élaboration d’une liste ciblée. Si pour ceux disposant de la CIN, l’opération sera assez fluide, les autres feront l’objet d’une campagne de sensibilisation. Objectif ? Permettre à cette population de se déclarer en vue d’accéder plus facilement à la vaccination. De son côté, Hind Laidi, Présidente de l’association Jood pour les sans-abri, note l’aspect délicat de cette manœuvre en l’absence de listes préétablies par le ministère de la santé.

Citoyens fantômes

Fréquentant régulièrement les sans-abri à Casablanca, Marrakech ou El Jadida, les bénévoles de Jood connaissent bien le calvaire de ces « citoyens clandestins». «On peut les considérer de la sorte car la plupart part n´ont pas de pièces d’identité. Ce sont des citoyens fantômes qui ne sont recensés nulle part. Il y en a qui sont nés dans la rue. Leurs parents et grands parents y vivaient également» nous apprend Laidi.

Des SDF sur trois générations, non enregistrés et qui ne disposent ni d’extraits d´actes de naissance, ni de cartes d’identité nationales. «Ils sont pris au piège. Un cercle vicieux ! Ils ne peuvent pas avoir de papiers, ne peuvent pas travailler et encore moins louer un logement», regrette-t-on à Jood. Selon des données recueillies par l’association en 2020, les sans-papiers représentent 83% des Sans-abri sur Casablanca.

Un casse tête qui, selon la Présidente, condamne un grand nombre de SDF à s’éterniser dans la rue. « Si l’Etat trouve un moyen de régulariser leur situation, 70% de ces SDF vont pouvoir s’en sortir sans l’aide de qui que ce soit »soutient-elle. Un début de solution pour bon nombre d´entre eux. Le recensement de cette population à des fins vaccinales constituera-t-elle un premier pas vers leur « régularisation » ? A suivre !