France-Australie. Les services français n’ont rien vu venir
Un gros marché perdu. Les raisons sont-elles purement techniques ?

C’est dur de voir un marché de 56 milliards d’euros s’évaporer. C’est plus dur de savoir que personne, en France, n’a pu prévoir cette grosse perte. A quoi bon servent les ambassades et les renseignements? 

Le Premier ministre australien Scott Morrison doit être la personne la plus détestée en ce moment en France. Plus que tous les fichés S qui peuvent un jour ou l’autre exprimer leur violence.

Scott Morrison a en effet retiré la bagatelle de 56 milliards d’euros de la bouche de la France en déchirant le contrat d’acquisition de sous marins français. Une grosse commande qui assurerait des années de travail aux chantiers français.

Toutefois le pays d’Emmanuel Macron n’aurait pas dû montrer autant d’étonnement. Car selon S. Morrison, le gouvernement français savait que Canberra avait de "profondes et sérieuses réserves”sur les sous-marins français. Et c’est le ministre de la Défense Peter Dutton, qui a expliqué dimanche dernier sur Sky News Australia que si l’Australie n’était pas en mesure d’acheter des navires à propulsion nucléaire français c’est parce que ces derniers doivent être rechargés, contrairement aux sous-marins américains. Par conséquent, dit-il, seuls les appareils américains conviennent à l’Australie dénucléarisée.

En plus, selon le Premier ministre, « les capacités du sous-marin de classe Attack ne répondaient pas à nos intérêts stratégiques et nous avions clairement indiqué que nous prendrions une décision basée sur notre intérêt stratégique national”.

Pas suffisant, toutefois pour calmer le gouvernement français qui accuse son ex client d’avoir menti et qui a donc rappelé ses ambassadeurs aux USA et en Australie pour consultation. Plus probablement pour leur passer un savon parce qu’ils n’ont rien vu venir. C’est aussi un coup très dur pour les services de renseignement français dont le rôle est de prévenir les attaques contre les intérêts du pays. Et contre le prestige de la république française.