Rapport CESE : Retour sur la situation économique du Maroc en 2017

Le rapport du Conseil Economique Social et Environnemental (CESE) au titre de l’année 2017, vient de livrer ses dernières observations. Ce rapport analyse la situation économique, sociale et environnementale du Maroc  et dresse ainsi une revue de l’activité du Conseil au cours de cet exercice.

De nombreux évènements majeurs ont caractérisé l’année 2017 commente le rapport, ainsi sur le plan régional, et consécutivement à sa réintégration à l’Union Africaine en début d’année, le Maroc a consolidé son engagement envers le continent africain, en présentant officiellement sa demande d’adhésion à la Communauté Economique des Etats d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO).

Au niveau national, cette année a été marquée par le retard accusé dans le processus de formation du Gouvernement, l’adoption tardive de la loi de finances, ainsi qu’un climat social tendu reflété par les manifestations qui ont eu lieu dans certaines zones du pays.

S’agissant du contexte économique, l’activité économique en 2017 a enregistré un rebond significatif par rapport aux faibles performances de l’année passée. Néanmoins, cette amélioration demeure essentiellement conjoncturelle, étant donné que l’économie nationale continue de pâtir de nombreux déficits structurels qu’il convient de résorber.

 

Une fois les bases de la conjoncture posées, le rapport ressort les grandes lignes suivantes :

 

La croissance économique est passée de 1,1% en 2016 à 4,1 % en 2017 grâce a notamment une bonne campagne agricole. Cependant le rapport note que sur les sept dernières années, l’économie nationale a connu un essoufflement étant donné qu’elle pas pu se maintenir à un niveau de croissance élevé. Cette situation est la conséquence d’une dichotomie entre quelques branches modernes dynamiques et intégrées aux chaines de valeurs mondiales et, d’autre part, des branches à faible valeur ajoutée, ainsi que des activités informelles qui plombent l’économie nationale.

L’investissement pour sa part reste inefficace et est symptomatique des limites du modèle de croissance du Maroc. A ce titre, le CESE préconise  la mise en place d’une entité indépendante, chargée de l’évaluation Ex-ante et Ex-post des politiques et des investissements publics.

Les exportations ont connu une hausse généralisée en 2017, « La plupart des métiers mondiaux ont fait preuve d’un dynamisme significatif, en particulier l’automobile. Toutefois, d’autres secteurs comme l’électronique et l’industrie pharmaceutique peinent à atteindre une taille critique qui leur permettrait de contribuer significativement à l’amélioration du solde commercial » explique le rapport. Par ailleurs le rapport indique que malgré cette hausse, les exportations peinent à contribuer à la croissance du PIB.  Par ailleurs, le rapport pose le doigt là où ça fait mal : les TPME, petites et moyennes entreprises qui forment 90 % du tissu économique national, or, elles n’ont été que 6324 qui ont pu exporter en 2017.

Le rapport déplore en outre la direction des exportations marocaines. En effet, seulement 12,4% des exportations sont dirigées vers des économies affichant des taux de croissance supérieurs à 4,5%, le reste est orienté vers des zones à faible taux de croissance supérieurs 4,5%.

Dans ce contexte, la Cours appelle à l’amélioration de la qualité des produits nationaux et de la compétitivité hors coût, ainsi qu’une meilleure adaptation de l’offre aux besoins et spécificités de chaque marché-cible.

Toujours concernant le même agrégat, le rapport relève que le commerce extérieur entre le Maroc et l’Afrique subsaharienne est en hausse constante depuis 2013 mais reste très faible. En effet en 2017 les échanges n’en été qu’à 3 %.

A cet égard, le CESE préconise de réduire mutuellement les barrières douanières qui demeurent très élevées, renforcer la connectivité logistique et sa qualité entre le Maroc et ses partenaires africains accélérer la sophistication de la structure des exportations du Maroc afin d’en accroitre le degré de complémentarité commerciale par rapport aux besoins en importation des pays d’Afrique subsaharienne.

La corruption, le manque d’efficience de l’Administration publique, l’accès au financement, la fiscalité, ainsi qu’une éducation inadéquate par rapport aux besoins du marché du travail sont les cinq facteurs que relève le Conseil et qui expliquent un indice de compétitivité en berne en 2017. En effet, la même année le Maroc a régressé d’une place aussi bien dans le classement de l’indice de compétitivité du Forum Economique Mondial (71e), que dans le classement de Doing Business (69e).

Le financement de l’économie, pour sa part, accuse d’un ralentissement de la croissance du crédit bancaire en 2017. Mais les des indicateurs de performance du système bancaire, si dans l’ensemble ces derniers restent satisfaisants.

 

Baisse du déficit budgétaire à -3,6%, le ralentissement du rythme de progression de la dette du trésor qui s’est située à 65,1% du PIB sont les principales avancées à noter au niveau macroéconomique. Sauf que la dette publique globale reste à un niveau élevé, soit 82% du PIB.

Toujours sur le plan macroéconomique, l’année 2017 a été marquée par une accélération des préparatifs pour initier le passage vers un régime de change plus flexible. Néanmoins, la migration vers un régime plus flexible requiert des mesures d’accompagnement et appelle à une plus grande prudence et réactivité en matière de suivi et de gestion des risques potentiels sur les plans économique et social, alerte le rapport du CESE.

Par ailleurs, le marché du travail en 2017 a permis la création de 86 000 emplois nets, au lieu d’une perte de 37 000 emplois un an auparavant, alors même que le taux de chômage a atteint 10,2% à fin 2017 au lieu de 9,9% en 2016 et ce, malgré un recul du taux d’activité.

Le rapport confirme en outre les diverses observations dressées par la Cour des comptes et le Haut-Commissariat au Plan (HCP), à savoir le problème de la jeunesse qui continue notamment de pâtir de grandes difficultés en matière d’accès à l’emploi, « leur taux de chômage représentant 2,6 fois la moyenne nationale et dépasse les 40% en milieu urbain » révèle le rapport.