Restrictions sanitaires, la colère monte contre le gouvernement
Les professionnels s'activent contre les restrictions

Maintenant que la situation sanitaire s’améliore visiblement, le maintien des mesures restrictives semble exaspérer de nombreuses professions lourdement frappées par ces décisions.  



La fermeture imposée par l’exécutif depuis début août dernier des salles de sport, des hammams et les restrictions imposées aux secteurs des voyages, impactent lourdement les professionnels. Des pertes d’emplois, des faillites en cascade et des travailleurs se retrouvant au chômage...les voix s’élèvent contre le maintien des mesures restrictives, alors que la situation épidémiologique s’est largement améliorée ces derniers jours.

« Touche pas à mon hammam »

Les propriétaires et gérants de hammams traditionnels et douches publiques sont en colère et estiment avoir été sacrifiés par des décisions « déraisonnables ». La déclaration du membre du Comité scientifique, Azeddine Ibrahimi , plaidant pour l’assouplissement des restrictions le plus tôt possible avec le silence radio des autorités est une bouchée qui est passée de travers. «C’est une honte [...] C’est notre métier qui est atteint », déclare Rabie Ouaacha, président de la Fédération nationale des associations de propriétaires et gérants de hammams traditionnels et douches publiques au Maroc qui note que "deux ans de fermeture et la décision injuste rendue le 3/8/2021 exigeant la fermeture des hammams risquent de mettre à genoux toute l’activité entraînant des pertes d’emplois et causant de lourds dommages à toute la profession. «Les coûts de réouverture et de fermeture sont trop importants. Il est temps de reconsidérer cette décision qui pousse ce secteur dans l’inconnu et condamne ses acteurs à la faillite », ajoute t-il. Le professionnel assure que les acteurs du secteur ne voulaient pas créer de problèmes lors de la période des élections. Mais, aujourd’hui, ils ne comptent pas baisser les bras. Désormais, le combat se poursuit dans la rue. Un sit-in est prévu le 22 septembre 2021 à Rabat.

Salles de sport fragilisées

Outre les hammams, les salles de sport ont été également contraintes de fermer leurs portes. «On nous fait fermer alors qu'il n'y a pas de cluster ni de taux de contamination élevé dans nos salles !», déplore un représentant de la fédération marocaine des professionnels du sport (FMPS) qui préfère garder l'anonymat. Au téléphone, le professionnel ne cache pas sa colère précisant que les salles de fitness ont scrupuleusement respecté les mesures de distanciation et d'hygiène préconisées. Économiquement, la situation des salles est pour le moins tendue. Un maintien de la fermeture serait donc «catastrophique», indique notre interlocuteur. «C'est un désastre. Le modèle économique d'une salle repose essentiellement sur les abonnements. Fermer en cette période, nous fragilise toute l’année », déplore le professionnel.

Le cri de détresse des voyagistes

Confrontés aux dernières mesures restrictives limitant les déplacements entre les villes, les agences de voyages et les hôteliers agonisent . Selon Khalid Benazzouz, président de l’Association régionale des agences de voyages de Casablanca-Settat (ARAVCS), 80 % des agences de voyage au Maroc ont fermé. Les 20 % restants essaient de survivre grâce à des petites affaires. Malgré l’ouverture des frontières et la reprise de l’activité touristique, les voyagistes ne voient pas le bout du tunnel. «La majorité des voyagistes n’arrivent même pas à réaliser 2% du chiffre d’affaires de 2019. Et ils ne pourront atteindre le même niveau qu’en 2024, si les mesures adéquates de sauvetage sont adoptées », souligne Khalid Benazzouz qui ajoute que « compte tenu du manque de visibilité et devant, à la fois la difficulté d’imaginer une pseudo-reprise et la crise sociale manifestée par une perte sèche de ressources humaines qualifiées, les professionnels des agences de voyages et hôteliers de la région Casablanca-Settat s’engagent à mettre en œuvre pour collaborer ensemble dans le cadre d’un partenariat win-win et ce en ces moments de crise qui s’avèrent critiques pour tout le secteur ». Aussi, les professionnels sollicitent un soutien indéfectible de la part des pouvoirs publics. Leurs doléances se résument en cinq points essentiels : le maintien jusqu’à la fin de 2022 des indemnités du Comité de veille économique (CVE) via la CNSS au bénéfice des employés des agences de voyages et des hôtels, le report ses échéances fiscales et bancaires en accordant un délai sans frais aux crédits des employés et aux crédits des entreprises, l’aménagement du paiement des primes d’assurance exigées particulièrement pour les agences de voyage, une subvention pour les entreprises selon le bilan dégagé en 2019 avec un plafond, à l’image de ce qui était fait dans certains pays, comme la France ou encore les Etats Unis avec la nécessité de déclarer la pandémie de Covid-19 en tant que catastrophe naturelle. Khalid Benazzouz appelle aussi l’ONMT à prendre en charge les frais de représentation des agences de voyages au niveau des salons internationaux.