Vidéo. La culture de la sécurité alimentaire fait défaut au Maroc
La culture de la sécurité alimentaire doit être développée au Maroc

Usage abusif de pesticides, absence de contrôle de certains produits… Le consommateur marocain est dangereusement exposé au risque lié à la fraude alimentaire. Les acteurs du secteur agroalimentaire sont conscients de ces risques. Comment impulser alors les mesures protectrices nécessaires ?

Le directeur général de l’ONSSA l’affirme clairement : « Le citoyen marocain est toujours exposé au risque de la fraude alimentaire». Abdelghni Azzi va encore plus loin en alertant sur la situation de certains produits alimentaires comme la volaille qui échappe presque au contrôle.

«Seuls 11% de la viande blanche est contrôlée sur le marché », prévient-il. En somme, malgré les efforts entrepris dans le contrôle sanitaire des aliments, le consommateur n’est pas à l’abri du danger.

Lors d’une rencontre à Casablanca organisée par Eurofins Food Assurance, Kortbi Consulting, en collaboration avec Fenagri et le Club de Dirigeants sous le thème « Food Safety Culture : Défis majeurs et responsabilité des dirigeants » les patrons de grands groupes opérant dans le secteur agroalimentaire ont insisté sur l’intérêt de la promotion d’une culture de la sécurité alimentaire chez les opérateurs du secteur.


Pour Said Moudafii, administrateur de la fédération nationale de l’agroalimentaire (Fenagri), «les multinationales de l’agroalimentaire ont déjà cette culture de la sécurité alimentaire. Les PME marocains doivent également l’adopter. C’est un critère important si on veut promouvoir le Made in Morocco et développer l’export ».

Faibles certifications

D’après Fayçal Bellatif, Directeur général de Eurofins Food Assurance le marché de l’alimentation génère au Maroc plus de 200 milliards de DH et représente près de 20% du PIB. En dépit de ce poids du secteur, les certifications dans le domaine restent très faibles où 78% des entreprises agroalimentaires ne sont pas certifiées.

« Ceci résulte notamment de la faible culture de la sécurité alimentaire chez les entreprises », explique Bellatif. Pour le patron de Cosumar, la certification doit constituer une conviction et non un moyen de conformité aux exigences. Avis partagé par le président de Copag, Moulay M’hamed Loultiti. «Tous les acteurs doivent être conscients de l’enjeu de la sécurité alimentaire », insiste-t-il.

Pas de contrôle de l’huile d’olive

Dans le secteur de l’huile des olives et des olives, une grande part des produits commercialisés ne répond pas aux normes exigées, comme le souligne Rachid Benali, président de la Fédération interprofessionnelle marocaine de l’olive (FIMO). «90% des huiles d’olives consommées au Maroc sont commercialisées en vrac et ne sont pas contrôlées par l’ONSSA. Nous avons lancé plusieurs campagnes de sensibilisation, aussi bien auprès des producteurs que des consommateurs, mais elles n’ont pas donné l’effet escompté. La certification existe pour l’exportation mais malheureusement pas pour le marché local », déplore-t-il. Benali appelle alors à un renforcement du contrôle, mais aussi à «l’éducation» du consommateur.

Abdelghni Azzi explique que l’ONSSA déploie des efforts importants pour freiner la fraude alimentaire. Mais, il reconnait par ailleurs que l’office n’a pas tous les moyens nécessaires pour stopper l’hémorragie. Il faudrait donc, selon lui, développer le contrôle par les autorités publiques.