Qatar. La démocratie bien spéciale de l’émir
Victoire, les femmes vont aux urnes!

Premier octobre, date historique de l’émirat du Qatar, grand donneur de leçons en démocratie. Pour la première fois les citoyens peuvent élire leurs représentants au Conseil consultatif….Pour rien.

L’Emir a enfin accordé le droit de vote aux Qataris. Jusqu’à présent il était le seul à nommer les 45 membres du conseil condultatif (majliss choura). Le peuple a désormais son mot à dire. Mais pas bête l’émir, il garde toujours la main sur 15 membres. Soit la moitié de ce que peut choisir le peuple.

Il dispose donc du tiers des sièges de l’assemblée. Il a le pouvoir de faire face « démocratiquement » à toute tendance contraire à ses désirs. La démocratie doit quand même s’adapter à la culture locale.

Sur la chaîne du régime Al Jazeera c’est l’euphorie. Le Qatar est un exemple de démocratie. La propagande de l’émir se déchaîne, des femmes peuvent élire et être élues. Elles sont couvertes des pieds à la tête certes mais, peu importe, c’est un choix personnel.

Le Qatar qui, depuis l’éclatement du mal nommé Printemps arabe, a encouragé les peuples à se révolter contre les dictatures et instaurer la démocratie n’avait pas de parlement élu. L’émir choisissait cent pour cent des membres. Mais enfin il a cédé les deux tiers au peuple. Vive la démocratie. C’était une promesse démocratique pour 2013 qui a été reportée à 2016. Le changement est un plat qui se mange lentement.

Oui très lentement.

Selon la constitution de 2003, adoptée par référendum, pour qu’une loi soit adoptée, il faut une majorité des deux tiers plus l’aval de l’émir. Même si 30 membres disent non, l’émir pourra toujours dire oui. Toutefois, il est peu probable qu’une telle situation se produise. Dans les deux tiers, il y a déjà des « élus » poussés par l’émir.

Ce n’est d’ailleurs pas la mère à boire, question d’échelle, puisque l’émirat a les dimensions d’une ville moyenne d’un million d’habitants dont seuls 180.000 sont d’origine qatarie et seuls autorisés à voter. Tout le monde connaît tout le monde.

Al Jazeera a de quoi faire.