« Le droit de vivre ». Une exposition et un livre contre la peine de mort
Exposition Le droit de vivre

A l’occasion de la journée mondiale contre la peine de mort organisée le 10 octobre, l'exposition "Le droit de vivre" regroupant les oeuvres de treize plasticiens marocains sera inaugurée le samedi 9 octobre au MACMA (Musée d’art et de culture de Marrakech) et sera ouverte au public jusqu’en février 2022. Un ouvrage sera également présenté au public à la Maison Denise Masson à Marrakech.

Lancée par Driss El Yazami, Younès Ajarraï et Mahi Binebine et inscrite au programme des activités mondiales organisées par la coalition « Ensemble contre la peine de mort », l’exposition « Le droit de vivre » qui se tiendra à Marrakech, regroupera les oeuvres de 13 plasticiens marocains (Fatiha Zemmouri, Mahi Binebine, Abderrahim Yamou, Mohamed El Baz, Moahmed Mourabiti, Amina Benbouchta, Ilias Selfati, Najia Mehadji, Mariam Tagadirt, Narjiss El Joubari, Itaf Benjelloun et Mohamed Lekleti).

Le même jour, un ouvrage au titre identique sera présenté au public. Outre les oeuvres présentées dans l’exposition, ce livre reproduit des textes originaux de trente-sept écrivains et intellectuels marocains défendant l’abolition de cette peine.

L’opus sera présenté le samedi 9 octobre lors d’une table-ronde où prendront la parole des personnalités et les principales associations abolitionnistes nationales et internationales, suivie d’une conférence du philosophe Ali Benmakhlouf.

Livre Le droit de vivre


Cette exposition et ce livre sont le résultat d’une initiative citoyenne lancée par Driss El Yazami, Younès Ajarraï et Mahi Binebine. Convaincus du caractère inhumain, injuste et inefficace de cette peine, ils ont voulu renforcer la dynamique abolitionniste dans notre pays en sollicitant intellectuels et plasticiens, faisant ainsi le pari de la culture comme moyen d’élargir la mobilisation pour l’abolition.

Plusieurs paradoxes persistent

Cette initiative citoyenne intervient dans un environnement national marqué par plusieurs paradoxes. Depuis 1993, le Maroc respecte un moratoire de fait sur la peine de mort et n’a plus connu d’exécution capitale. Mais chaque année, au mois de décembre, lorsque l’Assemblée générale des Nations unies vote une résolution demandant à tous les Etats de respecter un moratoire sur les exécutions, le Maroc s’abstient.

Alors que le pays applique ce moratoire de fait, les tribunaux continuent, eux, à condamner des prévenus à la peine capitale. 74 personnes vivraient aujourd’hui ce calvaire.

De plus, au lendemain de crimes particulièrement monstrueux, une partie de l’opinion revendique la peine de mort et la reprise des exécutions.

Le mouvement abolitionniste s’est pourtant renforcé au Maroc ces dernières années avec la création d’une Coalition marocaine contre la peine de mort, puis des réseaux de parlementaires, d’avocats, de journalistes et d’enseignants. A sa création, le réseau des parlementaires a compté jusqu’à 204 élus (sur 515 parlementaires) issus de presque tous les partis politiques.

En 2011, l’article 20 de la Constitution proclamait que « Le droit à la vie est le droit premier de tout être humain. La loi protège ce droit. » Et, en 2014, le roi Mohammed VI encourageait le débat public sur l’abolition lors de son adresse au Forum mondial sur les droits de l’Homme tenu à Marrakech : « Nous nous félicitons du débat, autour de la peine de mort, mené à l’initiative de la société civile et de nombreux parlementaires et juristes. Il permettra la maturation et l’approfondissement de cette problématique. »