Les chantiers sociaux du nouveau gouvernement
Nouveau gouvernement . Un grand défi social à relever

Le nouveau gouvernement a du pain sur la planche. Des dossiers brûlants et d’énormes chantiers sociaux et socio-économiques l'attendent à l’ère du nouveau modèle de développement ( NMD ).



Dévoilé jeudi, le casting du nouveau gouvernement est révélateur. Le social prend beaucoup d’importance et plusieurs ministères vont se partager la mission délicate de la réforme sociale et de la réalisation des ambitieux objectifs du nouveau modèle de développement. Une tâche aussi délicate que laborieuse pour les ministres de la coalition fraichement nommés. Un défi de taille.

Système contractuel, l’imbroglio

Dialogue social, généralisation de la couverture sociale, reprise socio-économique, éducation, santé... autant de chantiers ouverts que le nouvel exécutif devrait gérer en plus des dossiers non réglés. Ceci tout en appliquant les grandes réformes votées en 2021. Héritant du dossier irrésolu des enseignants contractuels, Chakib Benmoussa devrait trouver une issue à cet imbroglio qui n’a que trop duré. Mis en place pour des raisons d’austérité budgétaire, le système de contractualisation a été au cœur de la grogne des enseignants cinq ans durant. Malgré les grèves à répétition et les multiples manifestations de protestation, leurs revendications d’intégration dans la fonction publique sont restées sans réponse.

Plutôt optimistes par rapport au nouveau gouvernement, les enseignants ont été rassurés lors de la campagne électorale par les promesses d' Aziz Akhenouch et celles de son ministre de l’équipement Nizar Baraka. Le premier a promis d’augmenter le salaire des enseignants du primaire en début de carrière, les faisant passer de 5000 à 7500 Dhs et le deuxième s’est engagé à les intégrer définitivement dans la fonction publique. Ceci tout en réaffirmant son refus catégorique du système contractuel. Ces promesses seront-elles honorées pour clore enfin ce dossier chaud ?

Santé, la patate chaude

Sur le même registre, la nouvelle ministre de la santé Nabila Rmili hérite d'une patate chaude: la grogne des médecins et des infirmiers du secteur public. Multipliant les grèves nationales ces dernières années, le moral du personnel de santé va mal. La pandémie n’a nullement arrangé les choses. Un cumul de burn out, de dépit et de déception face à un silence prolongé de la tutelle. Amélioration des conditions de travail, pallier au flagrant déficit en ressources humaines, amélioration du statut salarial, révision des indemnités de risque, définition de cahiers des charges et un référentiel des fonctions, droit à la mutation, création d’un ordre spécifique....

Une bien longue liste et des dossiers revendicatifs qui sont restés lettres mortes durant l’ère de Khalid Ait Taleb. Nabila Rmili saura-t-elle tendre l’oreille et trouver les bons compromis pour faire aboutir la très attendue réforme globale ? Saura-t-elle panser les plaies d’un système de santé déjà mal en point et profondément éprouvé par la pandémie et ses différentes vagues ? A en croire les promesses du RNI lors de la campagne électorale, le budget de la Santé sera doublé avec une mise à niveau générale des CHU. L’Istiqlal pour sa part a promis de désenclaver « sanitairement » les zones rurales et reculées en facilitant l’accès aux différents services de santé. A suivre !

Vous avez dit dialogue social ?

Qui dit revendications dit syndicats. En haut du tableau des missions de Younes Sekkouri, la relance du dialogue social. Trébuchant sur de profonds désaccords concernant la loi du travail, le droit de grève et la loi sur les syndicats, le dialogue social a été suspendu entre le département de Mohamed Amerkaz et les centrales syndicales. Ces dernières dans l’attente de la formation de la nouvelle majorité, ont déjà exprimé leur ouverture à un nouveau dialogue ; tout en insistant sur l’adoption d’une politique sociale susceptible d’améliorer le pouvoir d’achat. Augmentation des salaires, revalorisation du SMIG sont autant de requêtes portées par les syndicats et soumises aujourd’hui à l’examen du nouveau gouvernement. Sauront-ils trouver un terrain d’entente après le pesant gel du dialogue social ?

Le chantier de la couverture sociale

Entamée par l’ancien gouvernement, la généralisation de la couverture sociale devrait se poursuivre sous la houlette du nouvel exécutif. Chantier phare du Nouveau Modèle de Développement issu de la vision Royale, la sécurité sociale est au centre des missions du gouvernement d’Akhenouch. Cette réforme majeure nécessite en effet une refonte parallèle du cadre législatif et réglementaire régissant la protection sociale ainsi que la mise à niveau des structures hospitalières et l’organisation de la filière des soins.

Rappelons que selon le calendrier déjà établit, la couverture médicale obligatoire devrait toucher 22 millions de nouveaux bénéficiaires d’ici fin 2022. Elle verra l’intégration des bénéficiaires du Ramed, les différentes catégories de professionnels, les travailleurs indépendants et les personnes non salariées qui exercent une activité libérale. Une refonte profonde et ambitieuse dont l’objectif principal reste l’amélioration de l’offre de soins, la mise en place d’une politique innovante et incitative en matière de ressources humaines ainsi que la mise en place d’un système d’information intégré permettant un suivi précis de chaque patient. Un sacré chantier que le nouveau gouvernement devrait mener à bien tout en respectant le calendrier préétabli.

F comme famille

Parité et droits des femmes, droits des enfants, familles, veuves, personnes aux besoins spécifiques, solidarité et intégration socio-économique... autant de chantiers et de dossiers sur le bureau de Aouatif Hayar, la nouvelle ministre en charge de la Solidarité, de l’Insertion sociale et de la Famille. Entre les stratégies sociales déjà en application, les lois fraichement adoptées, les grands besoins en attente d’être comblés et les mutations sociales en gestation, le département de Hayar aura la délicate mission de renforcer la cohésion sociale, protéger les droits des plus démunis, œuvrer pour l’égalité entre les sexes et préserver les droits des enfants.

La ministre aura également à gérer les multiples revendications des activistes féministes toujours sur leur faim en termes d’égalité et des défenseurs des libertés individuelles réclamant une refonte légale.