#7ACHAK, lutte toujours contre la précarité menstruelle
La précarité menstruelle touche 70% des femmes marocaines

#7achak fête ses deux ans en renforçant sa lutte contre la précarité menstruelle qui touche 70% des femmes marocaines. Une grande problématique aux multiples répercussions sur la santé féminine.



Lancé le 28 novembre 2019, le mouvement #7achak persiste et signe. Ayant la précarité menstruelle dans sa ligne de mire, il brise le tabou des menstruations tout en éveillant les consciences par rapport à une problématique mondiale mais aussi nationale.

Tabou

Longtemps passée sous silence, la précarité menstruelle touche 70% des femmes marocaines. « Depuis le lancement de 7chak, notre objectif a été de braquer les projecteurs sur la problématique des menstruations au Maroc. Ce média à but non lucratif a pour vocation l’accompagnement de la femme et sa libération des préjugés », nous explique Sarah Benmoussa, initiatrice de l'action. Ainsi pour célébrer son deuxième anniversaire, #7achak lance une large campagne de sensibilisation. En plus d’offrir des culottes menstruelles aux jeunes filles de l’orphelinat Dar Lamima à Lahraouiine à Casablanca, des rencontres et des ateliers sont prévus avec la participation de gynécologues. « Pour ces filles, qui se montrent de plus en plus curieuses, ces rencontres seront l’occasion de recevoir des conseils en hygiène menstruelle et d’avoir des explications à propos de leurs cycles. Les spécialistes présents répondront à toutes leurs questions », annonce-t-on à 7achak.

« Au bout de deux ans nous avons pu développer un échange et un dialogue plus fluide avec les jeunes sur les menstruations et les différentes maladies liées » commente Sarah Benmoussa. Mais au-delà du débat, 7achak se targue d’avoir réussi à mobiliser plusieurs instances et sponsors dans sa lutte. « Nous avons pu drainer différentes donations de culottes menstruelles, des accompagnements médicaux assurés par des médecins et des étudiants en médecine. Cette forte mobilisation représente en effet un grand espoir pour les jeunes filles et les femmes en situation précaire » ajoute l’activiste. Cette dernière appelle le gouvernement à y mettre du sien en lançant des enquêtes sur le terrain. « Pour nous encourager et surtout nous aider à bien orienter nos actions » réclame-t-elle.

Besoin de première nécessité

Rappelons que précarité signifie ici le manque ou l’indisponibilité de moyens et de protections périodiques. Considérées dans d’autres pays comme l'un des produits de première nécessité « Les serviettes hygiéniques ne sont pas disponibles pour toutes les Marocaines. Les femmes habitant dans les régions reculées, les sans-abri, certaines élèves et étudiantes ou même des femmes actives en ville... » énumère l’activiste féministe.

Selon cette dernière, elles sont toutes confrontées un jour ou régulièrement au manque de protections périodiques. Une situation délicate qui affecte leur bien-être et constitue partout une véritable problématique. Si en Tunisie et en Algérie, 80% à 85% des femmes ont accès aux protections périodiques, le Maroc traine loin derrière. D’après les chiffres avancés par #7ACHAK, seules 30% des Marocaines y ont droit.

Culottes menstruelles, l’alternative

« Le prix des serviettes ajouté au manque de moyens financiers privent de nombreuses femmes au Maroc et ailleurs d'un accès démocratisé à ces protections» nous affirme-t-on auprès du mouvement. De plus en plus utilisées, les culottes menstruelles ont l’avantage de respecter l’environnement. Une femme utilise près de 11,000 protections hygiéniques durant sa vie. Soit plus de 45 milliards de déchets par an sachant qu’il faut 500 ans environ à ces produits pour se dégrader.

« C’est également un enjeu de santé vu les récentes polémiques sur la nature toxique des protections hygiéniques classiques et les conséquences de celles-ci sur la santé des femmes » explique-t-on auprès de 7achak. Dans cet argumentaire, on n’oublie pas non plus l’enjeu économique lié au coût de la protection menstruelle. Une femme marocaine dépensera en moyenne près de 22.000 MAD pour ses protections hygiéniques. Cela donne à réfléchir...