Ecole marocaine. Il n’y a pas cerveaux incapables mais des écoles défaillantes
L'école est une entreprise économique

A quoi sert donc l’école? Dans un récent rapport le Conseil supérieur de l’Education, de la formation et de la recherche scientifique a jeté un gros pavé dans la marre dormante de l’Education. A la fin du collège, les élèves partent avec un très faible bagage scientifique. Public et privé dans le boxe des accusés.

En mathématique et en SVT, 9% seulement des élèves de l’école publique ont un niveau satisfaisant. 8% en physique-chimie. A côté, l’école privée fait beaucoup mieux, avec 49% en maths et 42% en physique-Chimie et SVT. Une avancée somme toute relative, puisque normalement, l’école privée est censée avoir de meilleures performances, puisque c’est cet argument qui est, à chaque fois, avancé pour justifier sa pertinence.

Vu de l’autre bout, cela veut dire, qu’après 10 années d’école, plus de 90% des élèves du public et entre et 50 et 60% du privé, sortent démunis pour affronter le cycle supérieur. Ce n’est pas un constat anodin, nous sommes devant une véritable catastrophe scientifique et économique.

Le choc et la déception doivent être plus grands pour les parents qui ont chèrement payé les cours de leurs enfants que pour ceux qui ont recouru, malgré eux, à l’école publique. Par conséquent, les opérateurs du privé ne doivent avoir aucune raison de pavoiser devant ces statistiques terribles pour les deux secteurs. Car en plus, les deux ont laissé se développer, par leur insuffisance, ce qu’on pourrait appeler le secteur de l’ombre. Les cours particuliers, vendus d’abord par des enseignants, puis par des entreprises de soutien scolaire. Un vrai business qui prospère sur les eaux stagnantes de l’éducation.

Ceci dit, nous avons un paradoxe. Les moyennes les plus élevées du baccalauréat scientifique s’obtiennent dans les lycées publics. Conclusion, les 9% de collégiens qui ont un niveau satisfaisant sont très bien formés pour affronter le lycée. Mieux que les 42-49% du privé. Une situation complètement anachronique.

Ainsi, dépassée par l’école privée dans la course à la quantité, l’école publique triomphe sur celle de la qualité. C’est une simple déduction. Un constat qui oblige à réfléchir. Mais attention, on doit laisser de côté le dogme de l’inefficacité du secteur public et de la supériorité du privé qui justifie les privatisations des entreprises publiques. Les exemples d’entreprise publiques qui excellent dans leurs secteurs sont nombreux.

Par conséquent, l’argument de la supériorité du privé n’est plus recevable. Que peut-il y avoir comme explication? La première qui saute aux yeux est que le système public ne surveille pas bien ses écoles. Certaines travaillent bien, tandis que d’autres se contentent de gérer le quotidien. Une question de management et donc de ressources humaines.

Qui a jamais entendu parler de leadership, de management de la qualité, de certification des écoles? Personne, parce que l’école n’est pas vue comme une entreprise. Or, c’est justement une entreprise qui fabrique des intelligences qui vont créer, à leur tour, de la richesse par leur savoir. Le problème de l’éducation réside dans le fait qu’on l’a toujours considérée comme un secteur social. Ce qui est une grave erreur. La compétition économique mondiale se gagne par les cerveaux. La matière grise. Les produits et les solutions technologiques d’aujourd’hui ont été inventés, fabriqués, organisés et vendus par les petits élèves d’hier.

Un célèbre dresseur de chiens affirme qu’il n’y a pas de mauvais chiens, mais de mauvais maîtres. C’est pareil en éducation, il n’y a pas de cerveaux incapables, mais des écoles défaillantes.