Reprise économique : Il faut accélérer le financement des PME
Flavia Palanza, directrice des opérations de la banque européenne d’investissement (BEI) dans les pays voisins de l’UE.

Impact de la crise du covid sur les PME marocaines, leurs difficultés d’accéder au financement, rôle du secteur privé dans la reprise… Avis de Flavia Palanza, directrice des opérations de la banque européenne d’investissement (BEI) dans les pays voisins de l’UE. (Vidéo)



«La PME marocaine demeure très vulnérable ce qui ne reflète pas le succès économique qu’a connu le Maroc au cours de ces dernières années », explique la directrice des opérations de la banque européenne d’investissement (BEI) dans les pays voisins de l’UE Flavia Palanza d’une rencontre à Casablanca organisée par News Com Africa Holding sous le thème, « Comment le financement des PME pet être un levier de croissance ? ».

Selon Flavia Palanza, les PME marocaines font face à de nombreuses difficultés en matière d’accès au financement. En chiffres, seulement 19% des PME avaient un prêt bancaire ou une ligne de crédit en cours contre 39% des grandes entreprises en 2019. Avec le covid, «les PME sont très touchées de manière disproportionnée : 50% des PME en moyenne ont connu une baisse importante de leurs chiffre d’affaire et 68% ont subi es retards de paiement », explique la représentante de la BEI.

Pour elle, le système bancaire marocain est le plus développé sur le continent africain. Un hic : « Les banques sont toujours frileuses à l’égard des PME parce qu’elles jugent que le risque de financement de cette catégorie est très élevé », juge t-elle. Solutions préconisées ? «Il faut aider les banques à financer les PME et aider aussi les PME pour qu’elles soient plus performantes ». Palanza note alors que la BEI intervient dans ce sens. «Pour les banques, la BEI leur accorde des lignes de crédits dédiées exclusivement aux PME et en même temps propose de l’assistance technique pour les accompagner à mieux connaitre les opportunités du marché de la PME et les risques encourus », souligne Flavia Palanza.



En effet, la BEI propose des lignes de crédits aux banques locales pour faciliter l’octroi de financements à long terme à des PME marocaines à des conditions avantageuses. En 2020, la banque a octroyé un prêt de 200 millions d’euros au groupe crédit agricole du Maroc pour soutenir les entreprises des secteurs de la bioéconomie et de l’agriculture. Pour la période 2014-2020, le total des financements de la BEI au Maroc ets estimé à 2,6 milliards d’euros, en moyenne 365 millions d’euros par an. Le niveau record de financement a été atteint en 2020 à hauteur de 617 millions d’euros dans le contexte de crise sanitaire.

Sur la gestion covid, Palanza estime que le Maroc est l’un des pays qui a le mieux géré la pandémie et le gouvernement a trop dépensé pour atteindre cet objectif. Ceci dit, le secteur privé devra, selon elle, contribuer davantage à la croissance dans les années à venir pour compenser. Et cela passera nécessairement par les PME qui constituent plus de 90% du tissu économique. «Il faut accélérer le financement des PME afin d’accélérer la transformation de l’économie vers un modèle durable et incluif et permettre ainsi la création d’emplois de qualité. Cela nécessitera aussi la mise en œuvre de la stratégie nationale d’inclusion financière et l’enrichissement de l’offre d’instruments financiers pour permettre aux PME de financer leurs projets d’investissements », conclut Palanza