«Le lancement de cette ligne prévue initialement pour le décembre dernier mais reporté à cause de la fermeture de l’espace aérien, constitue une véritable opportunité pour le secteur du tourisme marocain », assure l’expert en tourisme Zoubir Bouhout. En effet, la mise en place des lignes directes entre les deux pays a démarré en juillet 2021 avec des vols opérés directement par les compagnies israéliennes. Mais ils ont été suspendus en raison de la crise sanitaire. « La reprise de l’activité va booster certainement le tourisme de provenance de l’Etat hébreu qui compte une très importante communauté de juifs d’origine marocaine : près d’un million de personnes qui sont très attachés à leur histoire et leurs racines. Ces mêmes touristes pourront devenir de bons ambassadeurs pour le tourisme marocain et donc cela pourrait encourager d’autres visiteurs de confession juive internationaux à se rendre au Maroc», analyse Bouhout qui précise que près de 50.000 israéliens venaient déjà au Maroc auparavant, mais transitaient par d’autres pays ».

Le président de la fédération nationale de l’industrie hôtelière (FNIH), Lahcen Zelmat ne cache pas sa satisfaction de l’arrivée des clients israéliens au Maroc. «A moyen terme, cette décision aura un impact très significatif sur le tourisme national », assure t-il. Selon ses estimations, il faut compter un surplus de 200 à 300.000 touristes, grâce au lancement des vols directs entre les deux pays. « C’est une diversification de marché très bénéfique pour le secteur. Et ce gain, pourra donc compenser, la perte accusée sur certains marchés », souligne Zelmat qui déplore la lente reprise au niveau marché européen. «Beaucoup de touristes européens se sont tournés vers d’autres destinations. Et le secteur ne pourra reprendre réellement qu’en Août prochain. Encore faut-il revoir la tarification adoptée par la RAM pour attirer plus de visiteurs », ajoute t-il.

De son côté, le président du conseil régional du tourisme (CRT) d’Agadir-Souss Massa, Rachid Dahmaz met l’accent sur les répercussions positifs que les vols directs entre le Maroc et Israël entraîneraient sur toutes les filières touristiques notamment, les agences de voyage, les guides touristiques, les hôtels, le transport touristique....Bref, c’est du pain béni pour toutes les activités et opérateurs touristiques.

Contacté par l’Observateur du Maroc et d’Afrique, Serge Berdugo, secrétaire général du Conseil de la communauté israélite du Maroc reste catégorique : Avec cette nouvelle route aérienne entre le Maroc et Israël, un flux important de visiteurs est attendu. « C‘est une bonne amorce pour des relations mutuellement fructueuses entre les eux pays », commente t-il.

Ouverture d'un hub pour l'Afrique

Pour sa part, David Toledano, président de la Fédération des industries des matériaux de construction (FMC) estime que cette ligne directe pourra être bénéfique à plusieurs niveaux. «Avec une durée de vol de près de 4h30 min, cette route s’avère plus courte que beaucoup d’autres ce qui pourrait créer de manière indirecte un itinéraire particulier au niveau international. Par exemple, un flux important de juifs américains partent à Israël. Au lieu de transiter par Paris, les voyageurs pourraient choisir Casablanca, une alternative plus intéressante en termes de durée de trajet, et moins coûteuse tant sur le volet prix des billets que celui des tarifs pour les nuitées.. », explique Toledano qui ajoute aussi un autre avantage lié à l’ouverture d’un hub pour l’Afrique. «La RAM dessert de nombreux pays africains et est bien représentée sur le continent. Elle pourrait donc bien capter ces marchés d’investisseurs, hommes d’affaires ou même touristes juifs internationaux désirant se rendre en Afrique », insiste t-il.

Selon lui, les israéliens particulièrement, trouveront à travers cette ligne des opportunités moins coûteuses, plus flexibles et plus envisageables que d’autres solutions. Autres avantage relevé : «le développement de cette ligne pourra avoir des impacts très positifs sur les routes aériennes au niveau du marché interne tels que Marrakech, Agadir, Fès... ».

Sur le plan des investissements, Toledano est convaincu qu’une telle route aérienne va certainement booster les investissements des israéliens au Maroc et vis versa. «Nous partirons en Mars à l’occasion du lancement de ce vol et accompagnerons par la suite d’autres groupements qui veulent se rendre sur place à la recherche d’opportunités d’affaires », confie t-il ajoutant que de nombreux produits marocains sont exportés vers Israël à travers d’autres pays, mais le contact direct sera, selon lui, plus facile. «Il faut avoir un véritable esprit win-win. Et les le potentiel de la coopération bilatérale est très prometteur dans plusieurs domaines notamment celui des matériaux de construction. Nous pourrons exporter du marbre, de la céramique... mais il ne faut pas aller plus vite que la musique. Encore faut t-il attendre la mise en place du cadre juridique et institutionnel adéquat pour franchir le pas », conclut Toledano.