Transport. Un soutien qui ne plait pas à tout le monde
Les transporteurs estiment qu'ils n'ont pas besoin d’aide mais plutôt d’accompagnement.

Après la grève des transporteurs suite à la hausse des prix à la pompe, le Ministère de tutelle a décidé d’octroyer un soutien aux professionnels du secteur. Une initiative qui semble diviser la profession...

Les transporteurs, toutes catégories confondues, pourront bénéficier d’une aide étatique afin d’alléger la pression due à la hausse des prix des produits pétroliers. Environ 180.000 véhicules sont concernés. Le montant de l’indemnité varie en fonction de l’activité. Les professionnels du transport public bénéficieront ainsi d’une subvention répartie comme suit: 2.200 Dhs pour les grands taxis, 1.600 Dhs pour les petits taxis, 1.800 Dhs pour les véhicules de transport mixte dans le monde rural. S’ajoutent 7.000 Dhs pour les autocars inter-villes et 6.200 Dhs pour les autobus. S’agissant du transport touristique, les professionnels bénéficieront d’un soutien financier de 2.800 Dhs au profit des autocars de 1ère série, 1.400 Dhs pour les minibus de 2ème série et 1.000 Dhs pour les véhicules de 3ème série (TGR/TLS). Pour le transport des marchandises, il est prévu de verser un montant de 1.000 Dhs aux véhicules de dépannage, 2.600 Dhs pour les camions dont le PTAC est supérieur à 3,5 tonnes et inférieur à 14 tonnes, 3.400 Dhs pour les camions dont le PTAC est compris entre 14 et 19 tonnes, 4.200 Dhs pour les camions dont le PTAC est supérieur à 19 tonnes et 6.000 Dhs au profit des tracteurs routiers. Le transport du personnel et le transport scolaire font aussi partie de la liste des bénéficiaires. 1.200 Dhs seront versés aux transporteurs du personnel pour chaque véhicule et 1.000 Dhs à chaque véhicule affecté au transport scolaire pour le compte d’autrui.

Le versement sera mensuel et se fera via la plateforme numérique conçue spécialement afin de répondre aux besoins de ce projet. Les inscriptions ont été ouvertes le 23 mars dernier. «Les professionnels du transport pourront utiliser cette plateforme pour recevoir les aides dans les plus brefs délais» a précisé le Ministre du transport et de la logistique, Mohamed Abdeljalil. Ce dernier a aussi ajouté qu’un partenariat a été conclu avec Barid-Bank qui sera chargé de rassembler cette aide et de la transmettre aux entreprises et professionnels du transport concernés.

Un soutien qui aggrave la situation ?

Qu’en pensent les transporteurs ? Le Secrétaire Général de la Fédération Nationale des Propriétaires de Camions de Transport de Marchandises opérant dans les ports marocains, Abdellah Hammouchi ne cache pas sa déception quant à la décision. Pour lui, cette aide ne va pas régler le problème. Elle va plutôt l’accentuer. «Le gouvernement a choisi l’option facile. On s’attendait à d’autres mesures plus efficaces et plus logiques comme le plafonnement des prix des carburants ou encore la réduction des taxes liées à ces produits » note t-il ajoutant que la mise en œuvre de la solution décidée ne sera pas une chose aisée et pourrait même être source de tensions dans un secteur caractérisé par la prépondérance de l’informel et la multiplicité des intervenants.

De son côté, le Secrétaire Général de la Fédération Nationale des Métiers du Transport Routier et Logistique, Hicham Fajri reste convaincu que le secteur du transport n’a pas besoin d’aide. Il a plutôt besoin d’accompagnement et de soutien pour augmenter sa productivité et se remettre sur les rails. Selon lui, cela ne sert à rien de donner de l’argent à une entreprise déjà en faillite. «Le secteur fait face à une série d’augmentations des prix liée à la fois aux pièces de rechange, de vidange (...). Ces hausses ont toutes été supportées par les professionnels. La hausse du prix du gasoil n’est que la goutte qui a fait déborder le vase » déplore-t-il, précisant que le gasoil représente plus de 65% dans la structure du coût du transport. «Le secteur agonise et les pouvoirs publics n’ont pas l’intention de le sauver. Rien n’est fait pour redresser l’activité » alerte encore Fajri.

Abdellah Hammouchi affirme que verser des indemnités n’est pas suffisant et que la vision du gouvernement ne va pas régler le problème. Elle pourrait même accentuer le sentiment d’injustice chez les professionnels. Il propose ainsi de diviser par deux la TIC et de revoir la marge des pétroliers. «Il faut que toutes les parties prenantes fassent des concessions » tranche-t-il.