Algérie. L’armée contre Fati fleur

On ne voit cela dans aucune armée du monde. Plusieurs armées ont leurs revues où elles parlent de stratégie, d’histoire ou de technologies militaires. Sauf en Algérie où l’armée se bat contre les réseaux sociaux.

La revue de l’armée algérienne El Djeich ressemble à un cahier intime d’un adolescent à la recherche de son identité. La pièce maîtresse de la revue est son édito. Un chef d’œuvre de langue de bois et de manipulation des masses. L’édito reflète, comme on sait, l’orientation et l’idéologie de l’organisation, ici l’armée, dont le chef suprême est le président. Ça tombe d’ailleurs très bien, il est aussi ministre de la défense.

Malheureusement tout lui échappe, il n’a pas droit à une virgule dans le long édito travaillé à l’Etat-major de Said Chengriha qui lui non plus n’a pas la main. Il écrit ce que lui dicte l’ancien ministre de la défense Khalid Nizar, auteur principal de la décennie noire avec l’ancien patron du DRS Toufiq Mediene. Tous des vieux de la vielle école du rideau de fer et de l’époque soviétique d’avant la Pérestroïka.

C’est donc dans ce contexte qu’on peut lire cette merveille de la littérature publiée le 8 mai.

« ...notre pays demeure une forteresse inexpugnable face aux ennemis et aux traîtres qui tentent vainement, comme de coutume, à saper sa stabilité et sa sécurité à travers le recours à des procédés tortueux autant que douteux et de vils stratagèmes, dans le but de susciter le chaos et de semer la discorde au sein de la société". Fixe!

Le peuple peut trembler et rentrer dans les rangs.

En fait ce stratagème a un seul but, maintenir le budget de l’armée, le tiers du budget global du pays et acheter du matériel de guerre pour la simple raison qu’il y a des commissions juteuses à ramasser au passage. Parce que dans les faits, qui menace l’Algérie? L’Italie? L’Espagne? Le Mali? Le Maroc? Aucune analyse ne permet d’affirmer qu’il y a menace. C’est une question de gros sous au moment où les soldats vivent dans une misère affligeante.

L’édito militaire est entré dans une autre guerre où il n’y a qu’un seul front. La guerre des réseaux sociaux. Mais contre qui pardi ? Contre Fati fleur sans doute. Ce qui est en principe du ressort d’un ministère de la communication a été piraté par mon général. La démonstration qu’on est en présence d’un régime militaire à la Pinochet est faite. Demi tour à gauche, gauche!