EriK Truffaz. « J’apprécie le côté mystérieux et spirituel de la musique Gnaoua »
Erik Truffaz et Mâalem Hamid Kasri ont mis le feu sur la scène Casanfa à Jazzablanca 2022©Sife.ElAmine.

Réputé pour ses rythmes métissés jungle et timbre à la Miles Davis, le trompettiste suisse EriK Truffaz a mis le feu sur la scène de Casanfa lors du concert d’ouverture de la 15ème édition de Jazzablanca. Après avoir collaboré en 2016 avec la chanteuse malienne Rokia Traoré sur son album « Doni Doni », le roi du jazz éclectique a ouvert à nouveau son horizon vers l'Afrique en invitant la voix et le son du gembri du Maâlem Hamid Kasri pour une fusion explosive et mémorable.

Trompettiste de renom, le musicien accompli Erik Truffaz doit son initiation au jazz à la musique de l’illustre Miles Davis, sa première influence. Il s’ouvre par la suite à des tonalités électroniques, qui rythmeront plusieurs de ses opus, tel que « Bending New Corners », un de ses plus grands succès.

L’Artiste en perpétuel renouvellement connu pour sa discographie tapissée de voyages et de rencontres, ses compositions intimes et poétiques et son exploration vaste et très personnelle du jazz, a charmé le public de Jazzablanca avec les morceaux extraits de son dernier album de son quartet « Lune Rouge », un détonant mix entre jazz, électro et pop instrumentale.

Le trompettiste suisse Erik Truffaz en fusion avec le Maâlem Hamid Kasri lors du concert d'ouverture à Jazzablanca 2022©Sife.ElAmine.HD-7256


C’est la 2ème fois que vous vous produisez à Jazzablanca. Quel est votre sentiment ?

J’avais joué la première fois dans une salle et ce n’était pas à l’extérieur comme cette année. C’est ma 3ème fois au Maroc et je suis ravi de me retrouver à nouveau ici. C’est un grand festival avec de bonnes conditions, on est super bien accueilli et c’est surtout un festival qui m’a permis de m’associer et de collaborer avec des musiciens formidables. Vous allez faire une fusion avec Maâlem Hamid Kasri. Vous avez déjà fait des répétitions, comment imaginez-vous le rendu ?

C’est difficile de mettre des mots sur le rendu mais il sera festif et explosif et c’est une très bonne conversation entre artistes. Je pense que les musiciens du Maâlem Hamid Kasri se sont très bien adaptés à ma musique. Il y a quelques années, j’avais composé des morceaux africains lorsque j’avais collaboré avec Rokia Traoré et je trouve que c’est un mix qui fonctionne très bien.

Qu’est-ce qui vous attire dans la musique Gnaoua ? Qu’est ce que vous appréciez dans ce style musical ?

Ce que j’apprécie dans la musique Gnaoua, c’est qu’il y a beaucoup d’informations qui me dépassent, que je ne connais pas et donc, c’est riche d’informations, c’est mystérieux, et c’est en connexion avec le passé. La musique Gnaoua existait avant le Jazz, c’est quelque chose de fort et véridique, et c’est aussi spirituel et en même très incarné, et donc, c’est quand même la musique africaine qui a donné naissance au Jazz. Et le Gembri, c’est aussi l’ancêtre de la basse.

Oui, le Gembri, c’est très Blues aussi, je trouve cela extraordinaire. J’avais joué souvent mais pas de manière professionnelle, à Essaouira avec un ami qui joue du gembri avec les Gnaoua et je trouve cette musique incroyable.

Selon vous, qu’est ce qui fait la réussite d’une fusion ?

Quand une fusion est réussie, c’est lorsqu’on ne s’aperçoit pas qu’il y a deux musiques, on ne se pose pas de questions, ça veut dire que les deux fonctionnent ensemble. En fait, il faut être très à l’écoute et respectueux des autres musiciens. C’est une question de distance et de frontière. Il faut savoir avoir la bonne distance. Comment gère-t-on l’improvisation pendant une fusion ?

On se fait des signes pour les longueurs, après, la notion du temps n’est pas forcément la même selon les cultures. C’est quelque chose qui se ressent sur scène.

Est-ce qu’on peut avoir une idée sur ce que vous allez jouer ce soir ?

On va jouer deux morceaux du Maâlem Kasri et puis, deux morceaux de mon dernier album « Lune rouge » : ET Two et ligne rouge, on va aussi jouer les Tempos de la révolution, les morceaux qui donnent la pêche.