Les prix du gaz vont sextupler cette année
Tant que la guerre en Ukraine se poursuivra, l'Europe en paiera le prix fort notamment dans ses approvisionnements en gaz.

L’Europe va continuer à faire face à une flambée vertigineuse des prix du gaz, tant que le contexte de la guerre en Ukraine continue à compliquer ses approvisionnements.



L’Agence internationale de l’énergie (AIE) prédit que les prix du gaz sur le marché néerlandais - TTF, une référence en Europe centrale, seront six fois plus élevés cette année qu’ils ne l’étaient en 2019, avant le début de la crise du coronavirus. Dans le même sens, en 2025 ils tripleront. Les prix de référence du marché TTF s’élèvent à 166 euros par mégawattheure pour le mois d’août et 168 euros pour le mois de septembre avec une moyenne de 166,5 pour l’ensemble du dernier trimestre de l’année.

Les auteurs du rapport ont élaboré un scénario de base dans lequel l’UE réduira ses achats de gaz russe par gazoduc d’environ 55% entre 2021 et 2025. Mais ils envisagent également une autre alternative dans laquelle cette réduction pourrait atteindre 75% en raison des grandes incertitudes qui existent, en particulier compte tenu de la possibilité que Moscou fermera encore plus les robinets, comme il l’a déjà fait ces derniers mois avec plusieurs pays, y compris l’Allemagne.

Dans ce contexte, il n’est pas surprenant que l’augmentation de l’offre mondiale de GNL cette année soit insuffisante pour répondre à toute la demande de l’Europe, qui absorbera plus de 60% des augmentations qui se produiront au cours des trois années suivantes. Parce que le paradoxe est que l’expansion de l’offre va ralentir, puisque la faiblesse des prix du gaz et du pétrole au milieu de la dernière décennie a entraîné une réduction des investissements dans de nouvelles capacités, et cette tendance prendra du temps à s’inverser.

Dans son rapport trimestriel sur le gaz publié ce mardi, l’AIE a également révisé à la baisse ses prévisions pour la demande mondiale de gaz jusqu’en 2025 en raison des prix record depuis le début de l’invasion russe de l’Ukraine et qui vont se poursuivre à des niveaux exceptionnellement élevés. La demande mondiale va baisser de 0,5% cette année et à partir de 2023, elle commencera à se redresser pour atteindre un taux de croissance de 1,5% en 2025. Cela signifie que pour la période 2021-2024, l’augmentation moyenne de la demande sera de 0,6%, alors que l’année dernière une hausse annuelle de 1,7 % était prévue.

A titre indicatif, entre 2021 et 2025 l’augmentation de la consommation sera d’environ 140.000 millions de mètres cubes, jusqu’à environ 4.24 trillions, alors que durant les cinq années précédentes cette augmentation avait été 370.000 millions de mètres cubes.

Pour remplacer ces importations russes, l’Europe tente de recourir à d’autres pays producteurs, ce qui signifie avant tout du gaz naturel liquéfié (GNL) qui arrive par bateau, un marché qui est entré dans une tension qui ne pourra être résolue à court ou moyen terme.

De cette façon, le volume de GNL augmentera à un taux annuel légèrement inférieur à 4% au cours de la période 2021-2025, ce qui est bien en deçà du taux de 7% auquel il progressait au cours des cinq années précédentes. Parallèlement, les ventes de gazoducs vont chuter à l’échelle mondiale à un taux de 1,9% par année en raison de la baisse des flux de la Russie vers l’Europe.

Une illustration de ces mouvements est ce qui s’est passé en juin dernier, qui a été le premier mois au cours duquel les importations européennes de GNL des États-Unis, avec près de 5.000 millions de mètres cubes, a dépassé les achats de gaz russe.

La demande de gaz européen cette année devrait diminuer de 9% et la tendance va continuer à baisser pour l’ensemble de la période de prévision du rapport, de sorte qu’en 2025, il restera à 536.000 millions de mètres cubes, nettement en dessous des 586.000 millions en 2019, sans oublier les 604.000 millions du pic historique de 2021.

Selon les projections de l’AIE, seulement un cinquième de la révision à la baisse des attentes de la demande mondiale de gaz jusqu’au milieu de cette décennie sera le résultat d’améliorations de l’efficacité énergétique ou du remplacement du gaz par des sources renouvelables.