Amnesty International sous les feux des critiques après avoir tiré sur l’Ukraine (+Vidéo)
Volodymyr Zelensky accuse la secrétaire générale d'Amnesty International de verser dans la manipulation.

Nouveau rapport d’Amnesty International et nouvelle controverse. Cette fois-ci, cette ONG explose en Ukraine après avoir publié un rapport sur ce pays dont le président, Volodymyr Zelensky, va jusqu'à l’accuser de tenter de blanchir la Russie à travers son document "manipulateur".

De quoi s'agit-il ?

Amnesty International a publié, jeudi 4 août, un rapport concluant que «les tactiques de combats ukrainiennes mettent en danger la population civile». Cette conclusion a fait aussitôt réagir le président ukrainien. Dans son allocution vidéo quotidienne diffusée jeudi soir, Volodymyr Zelensky a accusé l'ONG de «tenter d'amnistier l'État terroriste» russe, en mettant «la victime et l'agresseur d'une certaine manière sur un pied d'égalité». Il a rappelé au passage que les frappes russes ont détruit près de 200 églises et lieux de culte, 2.200 institutions d’enseignement et 900 hôpitaux et cliniques.


De son côté, le chef de la diplomatie ukrainienne, Dmytro Kouleba, s'était dit «indigné» par les accusations «injustes» d'Amnesty International qui, souligne-t-il, créent «un faux équilibre entre l'oppresseur et la victime».

En réponse, la secrétaire générale d’Amnesty International a persisté et signé. «Nous avons réuni des informations sur de nombreux cas où les forces ukrainiennes ont mis en danger des civil·e·s et violé les lois de la guerre en opérant dans des zones habitées», a-t-elle répliqué. Et Agnès Callamard d’ajouter : «Le fait de se trouver dans une position défensive n’exempte pas l’armée ukrainienne de l’obligation de respecter le droit international humanitaire».

Exaspérée, la vice-ministre ukrainienne de la défense, Hanna Maliar, a montré à travers cette riposte à la secrétaire générale d’Amnesty International que son ONG ignore les réalités du terrain : «L’armée ukrainienne fortifie et défend les villes et les villages. Si nous attendons l’ennemi russe sur le champ de bataille, comme certains nous le conseillent, les Russes occuperont toutes nos maisons.»

Pourquoi c'est grave ?

La réaction la plus virulente dénonçant la partialité d’Amnesty International est parvenue de l’intérieur même de cette ONG. Son auteure est Oksana Pokaltchouk. Cette responsable d'Amnesty International en Ukraine a annoncé sa démission dès samedi 6 août. Dans un communiqué publié sur sa page Facebook dans la nuit de vendredi à samedi, elle reproche à Amnesty d’avoir servi «la propagande russe».
Là encore, la méconnaissance des auteurs du rapport de la réalité du terrain a été relevée : «Si vous ne vivez pas dans un pays envahi par des occupants qui le morcellent, vous ne comprenez probablement pas ce que c'est de condamner une armée de défenseurs», s’indigne Pokaltchouk en révélant avoir tenté, en vain, de convaincre la direction d'Amnesty International que son rapport était partiel et ne prenait pas en compte le point de vue du ministère ukrainien de la Défense. La protestataire regrette également que l’ONG ait «donné très peu de temps» au ministère de la Défense ukrainien «pour une réponse».

Dans un communiqué, Amnesty International affirme avoir contacté ce ministère, le 29 juillet 2022, en lui indiquant les conclusions de ses recherches et affirme n’avoir pas reçu de réponse. Pour rappel, ledit rapport est paru le 4 août.

Oksana Pokaltchouk en conclut que l'organisation a publié un rapport qui semblait soutenir la version russe au point de devenir un «outil de propagande de la Russie».

En annonçant sa démission, Pokaltchouk confie dans son communiqué qu’elle avait, jusqu’à la veille de la publication du rapport controversé, «le naïf espoir que tout pouvait être arrangé et que ce texte serait remplacé par un autre». Avec regret, elle poursuit : «Mais aujourd'hui, j'ai compris que cela n'arriverait pas».

L’ancien responsable d’Amnesty en Ukraine révèle que le bureau ukrainien n'a participé ni à la préparation, ni à la rédaction du texte de la publication. «Nous avons demandé aux auteurs de nous envoyer leur copie pour lecture, en vain», signale-t-elle.

Le bureau ukrainien a refusé «catégoriquement» de publier le communiqué de presse relatif au rapport sur l’Ukraine sur son site web en raison de son «unilatéralisme».

«Je suis convaincu que nos recherches devraient être faites scrupuleusement et avec la considération de personnes dont la vie dépend souvent directement des paroles et des actes des organisations internationales», écrit Oksana Pokaltchouk en guise de mots de la fin.

Certains médias du réseau Forbidden Stories occultent les révélations de l’ex responsable d’Amnesty International sur cette ONG, qui n’est pas à son premier scandalisant rapport, et tentent de faire croire à sa volonté de faire pression en faveur des civils. Cet argument ne convainc personne surtout que le nouveau rapport controversé s’ajoutent à d’autres ayant donné lieu aux mêmes indignations sur la méthode Amnesty. La principale est que cette ONG tire des conclusions hâtives et écrit, à la dernières minutes, aux autorités qu’elle cherche à pointer du doigt pour les mettre devant le «rapport accompli».

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Antécédents

En mai dernier, le site d’information espagnol Elespanol.com a publié les conclusions d’une contre-enquête menée par un célèbre informaticien ayant montré, preuves à l’appui, que les soupçons d’espionnage de responsables catalans par les autorités espagnoles, révélés par Citizen Lab d’Amnesty International, étaient basés sur des analyses informatiques manipulées.
En juillet 2021, le Maroc avait, lui aussi, fait l’objet d’accusations infondés d’espionnages colportées par Amnesty International. En prouvant que ces accusations étaient tendancieuses, le Royaume avait demandé, officiellement, des preuves concrètes sans jamais les obtenir.

Ce n’est pas tout, en octobre 2020, le gouvernement indien avait , lui aussi, rejeté les fausses accusations d'Amnesty International en dénonçant l'ingérence, intéressée et illégale, de cette ONG dans les débats politiques du pays.

Le gouvernement indien avait alors indiqué que les allégations d'Amnesty International (AI) prétendant "une chasse aux sorcières" visant les groupes de défense des droits de l'homme dans le pays, constituaient une tentative d'influencer le cours des enquêtes diligentées par plusieurs agences indiennes sur les irrégularités commises par AI durant les dernières années.

«Les allégations d’Amnesty sont un stratagème visant à détourner l'attention des activités de l’organisation qui enfreignaient clairement les lois indiennes», avait déclaré le ministère indien de l’Intérieur dans un communiqué.

La réponse du ministère indien était intervenue après l'annonce par Amnesty International de la suspension de ses activités en Inde en raison du gel de ses comptes bancaires.

Outre ces réactions venant de l’extérieur, c’est aussi de l’intérieur qu’Amnesty International est critiqué. En avril 2021, «The Guardian» avait lâché une bombe en révélant, à travers un long article, que des employés et d’anciens anciens de cette organisation au Royaume-Uni (AIUK) avaient alors accusé cette ONG de racisme.

«Nous avons rejoint Amnesty dans l'espoir de faire campagne contre les violations des droits humains, mais nous avons plutôt été déçus en réalisant que l'organisation avait en fait contribué à les perpétuer», s’indignait Katherine Odukoya, l'une des dénonciatrices.
On voit bien encore aujourd’hui qu’Amnesty International est loin de rompre avec les scandales.

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