Casablanca. Délocalisation du marché de gros. Ce qu'en pensent les commerçants
Le transfert des marchés de gros de Casablanca à la périphérie de la ville inquiète les commerçants.

La future délocalisation des marchés de gros de Casablanca suscite la colère des commerçants de la place. Leur avenir est incertain.

«Nous avons été surpris voire même choqués par cette annonce de délocalisation des marchés de gros décidée sans aucune concertation avec les commerçants », lance d’emblée Abderrazak Echabbi, secrétaire général de l'association du marché de gros des fruits et des légumes de Casablanca. L’annonce a été faite par la maire de Casablanca le 22 août, en marge de la session extraordinaire du Conseil municipal. Nabila Rmili, a fortement insisté sur la nécessité de délocaliser le marché de gros des fruits et légumes du quartier Moulay Rachid, le marché de gros de poisson, de Lahraouyine, celui des œufs, quartier la Gironde, ainsi que de la volaille, à Hay Mohammadi. Les quatre marchés seront implantés à Had Soualem à près de 40 kilomètres de la capitale économique. L’objectif est d’alléger la pression sur la ville.

Aucune concertation

Ce transfert a suscité l’ire des commerçants. En gros, «nous ne sommes pas contre la délocalisation en soi. Mais, ce qui nous dérange c’est que nous n’avons pas été avertis et que la décision a été prise de manière unilatérale sans aucune concertation avec les parties concernées dont l’avenir reste incertain», souligne Echabbi ajoutant que le conseil de la ville doit pendre en considération les doléances, les exigences et les propositions des commerçants, qui ont leur mot à dire dans cette affaire. Contacté par l’Observateur du Maroc et d’Afrique, un membre du conseil de la ville explique que la date du transfert n’est pas encore fixée. «Le projet est en cours d’étude et sera finalisé au cours de la prochaine période », confie t-il.

Aucune visibilité

Les avis des commerçants sont unanimes : cette décision ne se prend pas du jour au lendemain. «Le marché de gros des fruits et légumes de Casablanca a ses propres spécificités. Il est étalé sur près de 30 hectares, et joue un rôle socio-économique très important. Il regroupe près de 250 commerçants et emploie des milliers d’usagers actifs. C’est leur seul source de revenus », alerte l’un des commerçants. Un autre grossiste note que le mètre carré au marché de gros vaut aujourd'hui plus de 30.000 DH. Et les commerçants ont investi de grosses sommes pour équiper leurs magasins. Des millions de DH ont été déboursés par certains. «Que réserve t-on pour ces commerçants ? Seront-ils indemnisés ? », se demande t-il. Qu’en est-il de ceux qui ont toujours vendu leurs produits au sein de ce marché (90% des commerçants) mais qui ne disposent pas de magasins ? «Nous n’avons aucune visibilité pour le moment. Il faut d’abord corriger beaucoup de dysfonctionnements avant de parler délocalisation. Il faut aussi nous écouter. Et nous invitons alors le conseil de la ville à tenir en urgence une réunion pour les négociations », insiste Echabbi précisant que des courriers dans ce sens ont été envoyés au ministère de l’intérieur et au conseil de la ville.

En attendant, il faut dire que le marché de gros de fruits et légumes de Casablanca a réalisé en 2021, des entrées record en termes de tonnage estimées à 1,5 millions de tonnes. En matière de recettes, le marché a dépassé l’année dernière la barre des 150 millions de dirhams, soit la deuxième meilleure performance depuis son ouverture en 1986, selon Casablanca Prestations, société gestionnaire depuis 2015 de cette infrastructure. Autres chiffres révélateurs : le marché de gros des fruits et légumes qui constitue la 2ème source de recettes pour la commune de Casablanca reçoit quotidiennement entre 600 et 1000 camions, ainsi que 30 à 60 milles visiteurs.