Retraités. Une revalorisation des pensions jugée insuffisante
Le rappel des montants des pensions revalorisées sera versé à la fin du mois d’octobre 2022.  

Annoncée en 2019, la hausse des pensions des retraités de la CNSS est effective aujourd’hui. Le seuil de cotisations pour en bénéficier a été également revu à la baisse.  Est-ce suffisant pour compenser les effets de l'inflation actuelle? Quel sera le coût pour la CNSS?



Les pensions des retraités seront revalorisées de 5% avec effet rétroactif au 1er janvier 2020. Les concernés devront toucher un montant supplémentaire fixé à un minimum de 100 DH et un maximum de 210 DH par mois. Une mesure bienvenue pour les retraités en cette période d'inflation exceptionnelle. Mais elle ne touchera pas tout le monde. Seuls ceux relevant de la CNSS sont concernés. D’après les estimations du représentant de la confédération démocratique du travail et membre du conseil d’administration de la CNSS, le rappel des montants des pensions revalorisées sera versé à la fin du mois d’octobre 2022.

Houcine El Yamani, reconnait par ailleurs, que la hausse prévue est très insuffisante pour compenser les effets de la flambée du coût de la vie et de l'inflation actuelle qui pénalise le pouvoir d'achat des retraités. "Ils méritent mieux", insiste t-il. Néanmoins, il note que la CNSS était confrontée à deux contraintes majeures : «la pension versée aux retraités est fixe depuis 2007. Il fallait donc revoir cela et faire un geste surtout avec la chute du pouvoir d’achat. L’autre contrainte est liée au maintien de l’équilibre de la caisse ». Résultat: "On ne pouvait faire mieux compte tenu de la situation financière de la caisse ", regrette t-il.

Le coût de la revalorisation des pensions

Aujourd’hui, d’après El Yamani, une telle révision à la hausse des pensions, coûterait près de 780 MDH en moyenne par an pour la CNSS qui compte presque 600.000 pensionnés. «C’est une charge supplémentaire pour la caisse qui souffre d’une baisse importante des ressources», déplore le même interlocuteur. Le coût additionnel sur les dix prochaines années est estimé à 6,23 MMDH et sur les 60 ans il est évalué à 8,25 MMDH. Pour le membre du CA de la CNSS, cela pourrait contribuer au déséquilibre financier de la CNSS.

Pour y remédier, «il faut que l’Etat joue son rôle pleinement en mettant fin à deux problématiques majeures : la sous-déclaration et la non-déclaration », prévient El Yamani. D’après ce dernier, plus de 60% des personnes déclarés à la CNSS touchent moins que le SMIG. En même temps, la grande frange de la population n’est même pas déclarée. Cela prive la caisse de ressources qui pourraient assurer son équilibre financier et garantir la continuité et l’amélioration des prestations proposées aux adhérents. Le représentant de la CNSS appelle alors le patronat à respecter la législation sociale en s’acquittant convenablement des cotisations sociales. Il ajoute aussi que « la réforme globale des retraites tant attendue et l’élargissement de la couverture sociale, devraient aussi limiter la casse ».

Fin d’une injustice

Actuellement, près de 58% des pensionnés bénéficient d’une pension mensuelle inférieure à 1500 DH, alors qu’à peine 4% perçoivent une pension mensuelle de 4200 DH (plafond). Entre les deux, moins de 39% perçoivent un montant mensuel variant de 1500 à 4200 DH. Là où le bas blesse, plus de 60% des affiliés à la CNSS n’arrivent pas à cumuler les 3.240 point exigés pour prétendre à une pension de retraite pour diverses raisons notamment celle liée à la sous-déclaration. Pour mettre fin à cette injustice, la CNSS a décidé, lors de son dernier CA, de revoir à la baisse, le seuil du nombre de jours exigés. Il sera dorénavant fixé à 1.320 jours, soit l’équivalent de 4 années de travail effectif. «Cette mesure n’a pas d’effet rétroactif. La date d’entrée en vigueur sera fixée par un décret d’application qui sera normalement publié dans quelques jours », précise El Yamani qui note qu’un tel seuil permettra aux retraités de percevoir une pension qui ne dépasse pas les 400 DH.