Interpol : Records d’abus pédosexuels sur le net
Plus de 60 % des victimes sont des préadolescents, dont des bébés et de très jeunes enfants

Le dernier rapport d’Interpol sur les tendances mondiales de la criminalité met en évidence l'augmentation massive de l'exploitation et des abus sexuels d'enfants en ligne.  Une situation aggravée par la sous-déclaration de ce type de cybercriminalité…



Le Secrétaire général d’Interpol, Jürgen Stock, vient de lancer une alerte par rapport au risque sans précédent d’abus sexuels et d’exploitation d’enfants sur Internet. S’exprimant en marge de la 90e Assemblée générale d'Interpol tenue en Inde la semaine dernière, Stock a noté l’augmentation massive des chiffres liés à ce type d’abus. Une tendance déclenchée par la pandémie de COVID-19 mais qui ne faiblit deux ans après, explique le Secrétaire général d’Interpol.

Ce dernier a d’ailleurs dévoilé les grandes lignes du dernier rapport sur les tendances de la criminalité qui ne cessent d'augmenter que ça soit dans le monde réel ou virtuel. Si la puissante influence des groupes criminels organisés reste la tendance la plus dominante, le rapport émet toutefois une alerte spéciale quant à l’exploitation des enfants dans le monde.

Triste record

« Les signalements issus des lignes d’assistance publiques et privées ainsi que des services chargés de l’application de la loi faisaient état d’une hausse constante du nombre d’images à caractère pédosexuel sur Internet, l’année 2021 détenant ce triste record », commente Stock, en mai 2022, lors du Forum économique mondial à Davos. D’après ce dernier, la connexion accrue à Internet ne fait qu’augmenter le nombre d’enfants victimes d’abus et d’exploitation sexuels sur Internet.

Interpol dévoile également un chiffre alarmant : Sept victimes sont identifiées chaque jour via la base de données internationale sur l’exploitation sexuelle des enfants (ICSE). Outil de renseignement et d’enquête contenant des images et des vidéos, cette plateforme mondiale contient plus de 4.3 millions d’images et de vidéos. Elle a permis d’identifier plus de 30,000 victimes à l’échelle mondiale. Depuis sa création, plus de 12.500 agresseurs ont été identifiés et fichés.

Typologie

Les contenus autoproduits, ceux dans lesquels un enfant est amadoué et contraint de produire des photos et des vidéos des abus dont il est victime, s’inscrivent en forte hausse. Egalement en forte évolution, le partage d’images via les plateformes et les réseaux en ligne par les agresseurs ayant enregistré leurs relations avec des enfants-victimes. « Chaque photo, chaque vidéo constitue la preuve d’un crime abject à l’encontre d’une victime en chair et en os qui en portera les stigmates tout au long de sa vie », commente le Secrétaire général d’Interpol. Ce dernier note également une forte hausse de la diffusion en direct, moyennant paiement, de contenus mettant en scène l’exploitation sexuelle d’enfants.

Une situation qui est aggravée par la loi du silence entourant ce type de crimes, comme l’affirme-t-on auprès d’Interpol. « La cybercriminalité et

la maltraitance des enfants en ligne sont souvent sous-déclarées, ce qui signifie que les chiffres disponibles ne sont que la partie visible de l'iceberg » ajoute Stock qui en appelle les pays touchés par le phénomène, à l’utilisation des ressources d’Interpol pour lutter contre ces crimes.

Toujours selon le rapport d’Interpol, les victimes d’abus pédosexuels mettent très longtemps à se remettre du traumatisme subi. « Le partage incessant des images et vidéos illustrant les faits les revictimise et empêche leur guérison », soutient la même source.

Même les bébés

En février 2018, Interpol et ECPAT International ont conjointement publié un rapport intitulé « Vers un indicateur international pour les victimes non identifiées des contenus mettant en scène l’exploitation sexuelle d’enfants ». Cette étude choquante a mis en lumière plusieurs tendances alarmantes :

- Plus les victimes sont jeunes, plus les sévices qu’elles subissent sont graves

- 84 % des images mettent en scène un acte sexuel.

- Plus de 60 % des victimes non identifiées sont des préadolescents, dont des bébés et de très jeunes enfants.

- 65 % des victimes non identifiées sont des filles.

- Les garçons sont davantage représentés dans les images montrant des sévices graves.

- 92 % des délinquants visibles sont des hommes.