« C’était une évidence pour moi de faire ce road movie à la fois féminin et féministe, a affirmé Yasmine Benkiran lors de sa projection à la 19ème édition du Festival International du Film de Marrakech. La réalisatrice qui a grandi à Rabat affirme que très jeune, elle a eu cette « lecture féministe du monde » lorsque ses parents se sont séparés alors qu’elle n’avait que 10 ans « à l’époque, mon père a répudié ma mère parce que le divorce n’était pas autorisé par la loi ... ma mère m’avait expliqué alors qu’il fallait se battre pour ses droits, et c’est vrai qu’on fait un premier film avec ses tripes, et donc, c’était une évidence totale pour moi de le réaliser de la sorte ».



La réalisatrice explique son choix du titre de « Reines » émanait du désir de parler de « figures d’héroïnes », très peu exploitées dans le cinéma marocain. « C’est un peu un conte d’aventure qui emprunte aux codes de la communication et au fantastique et qui essaie d’inventer son propre genre. Mes héroïnes sont complexes et chaque personnage avec ses défauts et qualités, peut se révéler son propre ennemi ».

Un point de vue partagé par l’actrice Nisrine Radi qui confie que : « c’est le film le plus dur dans lequel j’ai tourné jusqu’à présent, c’était un peu éprouvant parce qu’on a tourné dans plusieurs villes et on restait à chaque fois un certain temps sur place, ... Généralement quand je lis un scénario, je me plonge dans l’univers du personnage et avant de jouer un rôle, je me fonds totalement dans le personnage jusqu’à ce qu’on ne forme plus qu’un, et en fait, on devient une seule âme. Donc, je m’approprie le personnage et j’en fais ce que je veux par la suite. Bien sûr Yasmine m’a guidé des fois sur ce que je devais faire, et vous avez vu le résultat. »

Un décor de Western sur fond de « Thelma and Louise »

Mettant en scène Nisrin Erradi, Nisrine Benchara, Rayhan Guaran, Jalila Talemsi, Hassan Badida, Yuness Chara, Salima Benmoumen, Salman Hourma, Abdelhak Saleh, Abderrahim Tamimi et Hamid Nider, le film «Queens» fait clairement référence au film américain de Ridley Scott « Thelma and Louise » sorti en 1991 et qui raconte l’histoire de deux femmes dont l'excursion d'un week-end se transforme en cavale à travers les États-Unis.

Le road movie de Yasmine Benkiran tourne lui, autour de trois personnages féminins, -dont la jeune Asma- et interroge différentes figures féminines d’une époque non révolue. Asma est face à un choix : rester sagement obéissante dans une effigie de vierge pure ou bien s’émanciper en connaissant une certaine forme d’opprobre ? Un choix qui se fait dans l’urgence, un choix non réfléchi, plus fort qu’elle, qui la fait basculer de l’autre côté. Cette émancipation a un prix : elle fait d’Asma une hors-la-loi. L’histoire se déroule à Casablanca, au Maroc, où les trois femmes sont poursuivies par la police. C’est le début d’une longue cavale pour nos protagonistes, qui vont traverser l’Atlas, ses roches rouges, ses vallées en fleurs et finalement rejoindre le Grand Sud et l’Atlantique.