Covid-19 a freiné la lutte anti-sida
Les inégalités font obstacle à la fin de la pandémie du sida dans le monde (ONU)

La crise sanitaire liée à la Covid-19 aurait gravement impacté la lutte anti-sida au Maroc et foncièrement contribué au recul des financements consacrés à cette riposte. 



A l’occasion du lancement de la neuvième édition du Sidaction, l’Association de lutte contre le sida (ALCS) alerte à propos des conséquences inquiétantes de la crise sanitaire Covid-19 sur la lutte anti Sida au Maroc. Se déroulant du 1er au 31 décembre, cette campagne de sensibilisation et de collecte de dons couvrira l’ensemble du territoire national. Placée sous le thème « Le sida est toujours là... Faisons un don ! », la nouvelle édition du Sidaction a été l’occasion pour l’ALCS de lancer une alerte par rapport au lourd impact de la crise sanitaire sur la riposte au VIH/sida au Maroc.

Déclin de dépistage

D’après les données du ministère de la Santé et de la Protection sociale, publiées en 2022, le Maroc aurait enregistré « une baisse sensible » du nombre de tests de dépistage du VIH ces trois dernières années. Ainsi, le Maroc est passé de 388.141 tests en 2019, à 300.640 en 2020 puis à 275.439 tests en 2021. « Ce déclin de 30% en trois ans est principalement imputé à la pandémie Covid-19 » affirme-t-on auprès de l’ALCS.

Une situation qui explique, selon la même source, le fait qu’au Maroc, en 2021, environ une personne sur 6 vivant avec le VIH, ignore encore sa séropositivité. « Pourtant, connaître son statut sérologique permet à la personne vivant avec le VIH de bénéficier d’un traitement et de ne plus transmettre le virus », met en garde l’ALCS dans un communiqué annonçant la 9ème édition du Sidaction.

En manque de financements

L’association active depuis 35 ans dans la lutte anti-sida, note également le recul drastique des financements à cause de la crise économique actuelle due aux répercussions de la pandémie. « En impactant directement les financements des bailleurs de fonds, cette crise menace l’action de l’association, pourtant pertinente », regrette l’ALCS. Travaillant auprès des personnes vivant avec le VIH et des populations les plus vulnérables à l’infection par ce virus, l’ALCS adopte une démarche « qui lui permet de réaliser annuellement près de 70% des objectifs nationaux en termes de prévention du VIH et de dépister plus du tiers des personnes infectées », affirme la même source. Des résultats réalisés « alors que l’ALCS n’utilise que de 10% des tests VIH déployés au Maroc », insiste-t-on à l’association.

Essayant de rattraper le retard accusé à cause de Covid-19, l’ALCS ambitionne de lever les fonds qui lui permettront de pérenniser ses actions de sensibilisation, de dépistage et de prendre en charge des personnes vivant avec le VIH. Parallèlement à la campagne d’appel au don, des ateliers de sensibilisation à la prévention contre le VIH seront organisés dans les établissements scolaires publics et privés. La campagne nationale de dépistage lancée en novembre 2022 par le ministère de la Santé et de la Protection sociale se poursuivra également jusqu’au 31 décembre.

38 millions personnes touchées

Au niveau mondial, l'Onusida a pour objectif d'éradiquer le Sida à l'horizon 2030. Un objectif qui a été cependant ébranlé par la pandémie Covid-19. Actuellement, le sida touche 38 millions de personnes dans le monde. En 2019, 12,6 millions de personnes n’avaient pas accès à un traitement vital, 690.000 personnes sont décédées d’affections liées au sida et 1,7 million d’infections supplémentaires par le VIH ont été enregistrées. D’après l’ONU, les inégalités font obstacle à la fin de la pandémie du sida dans le monde, « notamment les inégalités de genre, aggravées par le patriarcat et les violences envers les femmes ». Toujours selon l’Onusida, les femmes victimes de violence de la part de leur partenaire ont jusqu’à 50 % plus de risques de contracter le VIH.