Interpol met en garde contre l’explosion d’armes imprimées en 3D

La capacité grandissante des imprimantes 3D à produire des objets ou à propulser les progrès de la médecine se développe chaque année davantage. Certes, cette technologie l’a pas encore envahi toute notre vie (comme l’a fait le graphène), mais elle a réussi à s’introduire dans des zones de plus en plus grises.

L’une de ces zones est l'impression 3D servant à produire des armes. Le mois dernier, la police britannique a déclaré avoir effectué l'une des plus importantes saisies de composants d'armes à feu imprimés en 3D au Royaume-Uni.

Il y a de quoi s’alarmer. La preuve, Europol a prévenu dernièrement que «si aucune mesure n'est prise, la menace évoluera vers la production de formes toujours plus sophistiquées d'armes 3D, plus puissantes et plus fiables, posant ainsi de nouveau défis en matière de prévention et de contrôler».

Il y a moins d'un mois, les autorités britanniques ont découvert une "usine d'armes à feu 3D improvisée" dans une maison londonienne.

Selon Matthew Perfect, directeur du National Center for Firearms à la National Crime Agency (NCA), la police saisit de plus en plus d'armes imprimées en 3D. Les premières versions des pistolets imprimés en 3D n'étaient pas des armes fiables, mais ce n'est plus le cas. IL y a désormais «des armes automatiques capables de plusieurs décharges», explique Perfect.

Actuellement, les composants imprimés en 3D ne constituent qu'une partie des pièces nécessaires à la fabrication d'une arme, 80 à 90% au maximum. De nombreux composants métalliques, tels que le canon, sont encore généralement produits de manière traditionnelle. A cela il faut ajouter les munitions. Le problème est que ces types d'armes à feu sont difficilement retraçables étant fabriquées sans numéro de série. En outre, elles sont faciles à transporter à travers les frontières et les instructions pour les imprimer sont disponibles en ligne.

Selon Rajan Basra, chercheur au King's College de Londres, la situation au Royaume-Uni reflète une tendance visible dans toute l'Europe : «Alors que la plupart des extrémistes préféreront les armes conventionnelles, celles imprimées restent une alternative». Nous relevons un flux constant d'extrémistes cherchant à fabriquer des armes imprimées en 3D ou même à les utiliser eux-mêmes. Et cela se passe en Espagne, en Suède, en Allemagne, en Hollande et au Royaume-Uni ».

Rajan Basra a ajouté que la grande majorité de cas relevés concernaient des membres de groupes d'extrême droite. D'autres groupes terroristes semblent moins intéressés par la technologie.

Pour Christian Doblas, expert en balistique à l'Université française de Rouen, "l'impression 3D métal" pourrait devenir abordable dans la prochaine décennie, ce qui pourrait rendre l’auto-fabrication des armes plus fiables et donc plus dangereuses.



**related_articles[6054]**