Yennayer, bientôt une fête officielle ?
Yennayer, tradition commune entre amazighs et arabes marquant le début de l'an agricole

A l’approche du nouvel an amazigh 2973, fêté chaque 13 janvier, les réclamations se renouvellent et se multiplient pour officialiser sa célébration en décrétant cette date jour férié. 



Comme chaque janvier, cette ancienne revendication revient encore et devient d’actualité. Que ça soit du côté des associations et des activistes amazighs ou des internautes, c’est le même son de cloche : Yennayer est une fête traditionnelle ancrée dans la culture marocaine et qui doit être convenablement célébrée.

A quelques jours du début de l’an amazigh fêté chaque 13 janvier, les pages des réseaux sociaux sont parées des vœux du nouvel an berbère. « Assougass mbarki », « Bonne année », « sana amazighia saïda »... Des vœux mais aussi des réclamations démontrant un véritable attachement à cette fête marquant le début de l’an agricole au Maroc et dans les autres pays de l’Afrique du nord. Yennayer, Hagouza, Hwadez, si les appellations diffèrent selon les régions, la fête garde sa forte symbolique en réunissant amazighs et arabes autour d’un événement apprécié et surtout très spécial.

Patrimoine ancestral

« C’est une fête liée à la terre issue d’une tradition ancestrale et porteuse d’une forte charge identitaire pour le peuple marocain et pour tous les peuples du Nord d’Afrique », explique l’anthropologue Houcine Bouyaâkoubi, professeur à la faculté des Sciences humaines Ait Melloul. « Précieux héritage culturel, Yennayer devrait être célébrée avec la plus grande fierté », avaient répondu les internautes à une fatwa du prédicateur Abdelatif Al Maghrebi. Ce dernier a affirmé, en 2021, que cette fête païenne est « haram ». Dans un tweet polémique, le controversé Cheikh Hassan Kettani, indiquait également « qu’il est proscrit de fêter le nouvel an amazigh pour tout musulman croyant en Dieu et suivant les préceptes du prophète ».

Des fatwas qui n’ont d’ailleurs pas découragé les « yennaristes ». Ces derniers ont redoublé d’ardeur dans leurs multiples appels à l’Etat marocain pour reconnaitre cette importante composante du patrimoine national. « Il faut reconnaitre cette fête comme le sont déjà celles des calendriers musulman et grégorien et suivant les prérogatives de la Constitution de 2011. La société civile amazighe n’avait de cesse de le réclamer et attend toujours que le gouvernement reconnait officiellement cette fête et décrète cette date jour férié payé », réclame Bouyaâkoubi.

Origines

Malgré ses origines berbères, Hagouza est une tradition agricole commune entre Arabes et Amazighs marocains. Si certains historiens affirment que le début du calendrier amazigh correspond à l’arrivée au pouvoir d’un monarque berbère lors de la 22e dynastie pharaonique, Yennayer est lié surtout au moment de répit des agriculteurs après le dur labour et l’éclosion des premières semences.

Un évènement à fêter avec la famille en toute convivialité avec comme point central la gastronomie. Couscous aux sept légumes, poulet rôtis et dinde, blé concassé au lait et au miel, tchicha, œufs et fruits secs... le 13 janvier est un jour de faste et la table est bien garnie pour le bonheur de la grande famille réunie pour commencer l’année dans la joie, la prospérité et la bonne humeur.

Promesse

« Yennayer sera fêté en grandes pompes », annonçait déjà en décembre 2021, Mustapha Baitas, porte-parole officiel du Gouvernement et Ministre délégué chargé des relations avec le Parlement, suite à une réunion du Conseil de gouvernement. Le porte parole affirmait alors que « la fin de l’année amazighe sera fêtée en grandes pompes. Mais au-delà de la célébration, c’est l’expression de l’engagement solide du gouvernement à officialiser l’amazigh ». Une promesse qui a réjouit momentanément les activistes amazighs mais qui attend toujours d’être concrétiser. Le gouvernement honorera enfin sa promesse en ce janvier 2023 ? A suivre !