Ben Laden Le mal si banal
Vincent HERVOUET

Il n’y pas de grand homme pour son valet de chambre. La vie de Ben Laden racontée par ses proches tranche avec le mythe entretenu par les médias américains ou la légende dorée qui court dans la zone tribale du Pakistan. La Commission d’enquête pakistanaise a rendu son rapport, deux ans après l’exécution sommaire du terroriste par un commando américain. La Commission a interrogé les épouses et les deux gardes de Ben Laden. On apprend que Ben Laden mettait un chapeau de cow-boy quand il sortait à l’air libre, pour ne pas être reconnu… par les satellites us ! Qu’il avait rasé sa barbe. Qu’il se soignait par les plantes, cultivait son potager et mangeait du chocolat quand il était déprimé.

Qu’il payait au lance-pierres ses deux gardes du corps (90 dollars par mois) et régnait en tyran domestique, supervisant l’éducation religieuse de ses petites filles et interdisant à ses filles de voir des hommes, même à la télévision. Bref, une vie d’ermite, le huis clos d’un fuyard, la vie apeurée et frugale d’un retraité. On est loin du génie du mal, assoiffé de toute puissance et accro à la pornographie qu’ont décrit les grands médias américains en relatant la traque de l’ennemi public numéro 1. Incurable puritanisme qui veut que l’ennemi soit un diable ! Le rapport pakistanais rapporte la banalité du mal, version djihadiste.

En creux, il laisse aussi voir le cynisme de l’Etat pakistanais. La Commission était censée établir comment Ben Laden a pu se cacher pendant dix ans au nez et à la barbe des autorités. Elle ne donne pas la réponse. Elle se contente de souligner la complaisance de l’armée et des services secrets. Elle révèle aussi leur double jeu. Car on apprend incidemment qu’un accord officieux autorise les Américains à traquer avec leurs drones les Talibans dans la zone tribale, alors que les autorités Pakistanaises ne cessent de pousser de hauts cris d’indignation après chaque tir de missiles… услуги копирайтинга