« Remède miracle» contre l’obésité, l’Ozempic inquiète
Perdre du poids peut tourner en obsession sous l'effet des réseaux sociaux et des médias

Indiqué pour traiter le diabète de type 2, l’Ozempic est devenu « tendance » dernièrement sur les réseaux sociaux. Largement vanté pour ses vertus amincissantes, le détournement de fonction de ce médicament commence à inquiéter. 



Il suffit de taper #Ozempic sur les moteurs de recherche des réseaux sociaux pour se rendre compte de l’ampleur de la « publicité » que lui font les influenceurs et autres utilisateurs. Avec des centaines de millions de vues, les vidéos montrant « l’effet miracle » du médicament sont devenues virales. Très convaincantes, elles encouragent de plus en plus d’internautes dans le monde à sauter le pas et à l'expérimenter

Perdre 20% de son poids

Deux ans après la découverte de son effet amaigrissant, l’Ozempic ou plus précisément la molécule Sémaglutide, est devenue « La » solution pour de nombreuses personnes souffrant d’obésité ou de surpoids. Le buzz aidant, ce médicament injectable serait selon ses adeptes, le moyen le plus simple pour perdre ses kilos superflus.

En 2021, des scientifiques britanniques ont annoncé la découverte d’un « remède miracle » contre l’obésité. En réduisant l’appétit, ce médicament initialement utilisé pour le traitement du diabète de type 2, s’est avéré très efficace dans la perte de poids. Comment ? En régulant l’appétit et inhibant la sensation de faim, le Semaglutide aide les personnes obèses à perdre plus de 20% de leur poids sans intervention chirurgicale.

Réalisée par une équipe scientifique de l’University College London (UCL), cette étude a été menée auprès de 2000 adultes, dans 16 pays différents. Les recherches britanniques se sont intéressées en particulier aux effets du sémaglutide, une molécule semblable à celle libérée dans le sang par l'intestin après les repas et réduisant la sensation de faim. Cette molécule permet également d’augmenter la sensation de satiété. Un facteur essentiel dans la perte de poids.

Résultats probants

« Les trois quarts des personnes ayant reçu 2,4 mg de sémaglutide ont perdu plus de 10% de leur poids corporel et plus d'un tiers ont perdu plus de 20% », a indiqué dans un communiqué Rachel Batterham, co-autrice de cette étude et directrice du Centre de Recherche pour l'Obésité à l'UCL. Soumis à un régime alimentaire plus équilibré avec plus d'exercice, les volontaires traités au sémaglutide ont perdu en moyenne 15,3 kilogrammes, contre 2,6 kilogrammes pour ceux ayant reçu le placebo. Une réduction des graisses sanguines, du taux de sucre dans le sang et de la pression artérielle ont été également enregistrées chez les candidats de l’étude.

Une véritable solution miracle surtout pour les personnes souffrant d’obésité et trouvant du mal à dompter leur appétit. D’après les chercheurs britanniques, aucun autre médicament n'est parvenu à produire un tel effet et un tel niveau de perte de poids. Ces derniers affirmaient que le médicament n’a provoqué que de « légers effets secondaires passagers » à savoir des nausées et autres diarrhées. Le semaglutide a été d’ailleurs soumis à l'approbation réglementaire de l'Agence européenne du médicament (EMA) et de ses homologues américain et britannique pour traiter l'obésité.

Warning

« Ceci dit l’Ozempic reste un médicament dont l’utilisation devrait être soumise à des conditions précises en respectant les doses et surtout en adoptant une alimentation équilibrée et un mode de vie sain avec une activité physique régulière », explique Dr Khalid Souifi, endocrinologue. Si d’après l’étude britannique, l’Ozempic a été aussi efficace chez les non diabétiques, il n’en reste pas moins un médicament spécifique avec des contre indications.

« Pour l’utiliser il faut avoir un indice de masse corporelle (IMC) supérieur à 30. Il est formellement interdit chez les moins de 18 ans, les femmes enceintes et allaitant (vu l’absence d’études auprès de ces deux catégories). Il est également proscrit chez les personnes ayant des problèmes de la thyroïde ou des antécédents personnels ou familiaux de ce genre (cancer ou autre.) Aussi les personnes souffrant ou ayant déjà souffert d’inflammation du pancréas ou de calculs de la vésicule biliaire », met en garde le spécialiste.

66% des Marocaines sont obèses

Rappelons que selon le dernier rapport de la banque mondial datant de 2020, 66% des Marocaines sont obèses ou en surpoids. Avec une large prévalence, l’obésité touche trois fois plus les femmes (29%) que les hommes (11%) et touche davantage le milieu urbain (22,8%) que le milieu rural (14,9%).

Ce rapport révèle que 44% des adultes et 20% des enfants de plus de cinq ans sont en surpoids ou obèses dans le monde. Le nombre de personnes en surpoids ou obèses a d’ailleurs triplé depuis 1975. Une véritable problématique de santé publique qui cause 4 millions de décès dans le monde chaque année, dont près des deux tiers sont dus à des maladies cardiovasculaires.