Et la Santé ça va? Il faut bouger pour le savoir

La vidéo du ministre de la Santé visitant un hôpital au nord du Maroc a fait l’effet d’une bombe. Tout le monde l’a vue et tout le monde en parle. Les commentateurs sont aux anges, « n’est-ce pas ce que nous dénoncions depuis des lustres? », doivent-ils penser. Eh bien, nous y sommes. Une visite inopinée c’est bien, un contrôle permanent serait beaucoup mieux.

Abordant le cas d’un malade qu’il a lui-même observé, le ministre dit à un médecin que la solution est simple et qu’elle n’exigeait pas qu’il vienne de Rabat pour la trouver. Et c’était vraiment simple d’autant plus qu’il y avait tout l’équipement et le personnel nécessaires pour répondre aux besoins du malade.

Alors qu’est-ce qui ne marchait pas? Qu’est-ce qui faisait attendre les malades?

Nous sommes devant un vrai et très grand problème. La Santé est un des secteurs les plus importants et le budget qui lui est alloué est astronomique. Il ne suffit pas de construire des hôpitaux et de les équiper. Encore faut-il en assurer la gestion. Et cette gestion est elle-même très coûteuse.

Dans ce cas précis, nous avons un hôpital, des femmes et des hommes pour le faire tourner et des équipements de diagnostic des plus performants. Et pourtant, il y a des malades qui n’arrivent pas à se faire prendre en charge dans des conditions normales.

Quel est donc le problème? Pourquoi faut-il qu’un ministre se déplace pour constater les défaillances de structures qui ont fait l’objet d’études et d’un long processus de décision? Il manque un chaînon, c’est certain. Le suivi et le contrôle. Et là on est abasourdi. Il existe effectivement, dans chaque département des mécanismes de contrôle et de suivi. S’ils fonctionnaient normalement, cette situation regrettable n’aurait jamais dû exister.

Bien sûr, on peut applaudir un ministre qui décide d’aller voir en personne comment marchent ses services. Même que tous les ministres et tous les responsables devraient le faire régulièrement, même si les services marchent très bien. Une manière de dire qu’ils sont là et qu’ils veillent.

Comment, dans un pays qui a été parmi les meilleurs à lutter contre la pandémie du Coronavirus, des responsables se comportent de manière aussi décevante avec les citoyens? La Santé c’est stratégique pour la qualité de vie des citoyens d’abord, mais elle l’est aussi pour des secteurs économiques importants, le tourisme, l’industrie, le commerce, l’agriculture…C’est la santé de tout le pays qui en dépend. Quand des responsables régionaux ne comprennent pas cela, c’est qu’il y a un blocage quelque part. Et ce blocage réside dans l’incapacité à comprendre l’esprit des grandes directives.