Sahara. La reconnaissance d'Israël a-t-elle un impact économique?
Abdelfattah El Fatihi, directeur du centre stratégique sur le Sahara et l'Afrique

La reconnaissance de la souveraineté marocaine sur les provinces du Sud par Israël ouvre de nouvelles perspectives de coopération économique entre les deux pays, stimulant ainsi le développement économique et les investissements dans ces régions. Les professionnels expriment leur point de vue à ce sujet.

Abdelfattah El Fatihi, directeur du centre stratégique sur le Sahara et l'Afrique

A.Fatihi : «Cette annonce stimule le développement et les investissements dans les provinces du Sud»

Israël reconnaît officiellement la souveraineté marocaine sur le Sahara. Selon Abdelfattah El Fatihi, directeur du centre stratégique sur le Sahara et l'Afrique, cette reconnaissance, en parallèle avec celle des États-Unis, confirme la légitimité internationale de la souveraineté du Maroc sur ses provinces du Sud. Il souligne que cette décision, partie intégrante de l'accord d'Abraham avec les États-Unis en tant qu'acteur majeur, ouvre la voie à des négociations accélérées pour la mise en œuvre des dispositions économiques dans les provinces du Sud. « Cette annonce stimule le développement et les investissements dans ces régions », insiste Fatihi ajoutant que « l'ouverture des consulats des États-Unis et d'Israël à Dakhla est largement attendue pour accélérer l'ouverture aux opportunités d'investissement ». L’expert note également que « l’accord de libre-échange entre le Maroc et les États-Unis s'étendra aux provinces du Sud, facilitant ainsi l'investissement israélien dynamique dans ces régions et donnant un nouvel élan au programme de développement en cours dans cette zone ».

David Toledano, président de la Fédération des industries des matériaux de construction (FMC)

D. Toledano: «Cette reconnaissance inspire confiance aux investisseurs»

Pour David Toledano, la reconnaissance officielle de la souveraineté marocaine sur le Sahara renforce la position du Maroc et inspire confiance aux investisseurs, garantissant une relation durable et mutuellement bénéfique. Le professionnel estime également que le renforcement des liens entre le Maroc et Israël ouvre de nouvelles perspectives de coopération économique dans divers domaines. « Israël peut apporter son expertise dans des domaines tels que l'eau et l'agriculture, tandis que le Maroc pourra offrir son savoir-faire dans de nombreux secteurs », note Toledano qui reste convaincu que les accords internationaux signés par le Maroc, permettra aux israéliens d’accéder à des marchés et saisir des opportunités à la fois en Europe, aux États-Unis et en Afrique.

Le professionnel met l’accent sur l'importance d'une relation gagnant-gagnant à tous les niveaux, bien que, d’après lui, les Israéliens aient plus à gagner que le Maroc. Il espère aussi que d'autres pays occidentaux pourront s'inspirer de cette relation et renforcer leurs liens avec le Maroc.

Concernant le secteur de la construction, Toledano admet que la demande des Israéliens est élevée surtout que le pays dépend principalement des importations pour plus de 80 % de ses besoins en matériaux de construction tels que l'acier, le ciment, le marbre, les carreaux et les équipements sanitaires. « Bien que nous puissions leur fournir de nombreux produits, le transport demeure un défi », insiste le professionnel soulignant que les discussions sont en cours pour établir une ligne maritime régulière entre les deux pays.

Adnane Benchakroun, vice président de l’alliance des économistes istiqlaliens (AEI)

A. Benchakroun: « En établissant des partenariats intelligents, nous avons un potentiel énorme à exploiter »

Adnane Benchakroun, vice-président de l'Alliance des Économistes Istiqlaliens, est convaincu que les deux dernières années n'ont pas été perdues avant la reconnaissance officielle de l'État hébreu. Au contraire, elles ont permis de préparer le terrain de manière significative. Selon lui, les rencontres entre les représentants des deux pays, les accords signés et l'identification des secteurs porteurs indiquent que le moment est propice. « Il est encourageant de constater que cela se concrétise alors que nous sortons de la crise », estime le professionnel.

Pour attirer les investisseurs et les capitaux au Maroc, en particulier dans la région du Sahara, la confiance est essentielle. Benchakroun note que la reconnaissance officielle de l'État hébreu et sa présence physique à Dakhla contribuent à instaurer cette confiance et à encourager les investissements tant au Maroc en général que dans les provinces du Sud en particulier.

Benchakroun souligne par ailleurs que Israël apportera son expertise dans des domaines tels que l'eau, l'énergie, les startups… et qu'il existe un potentiel de coopération dans le secteur industriel et la recherche et développement. De son côté, le Maroc, rappelle t-il, possède une expertise reconnue dans le domaine de l'agriculture, et les chiffres d'exportation le prouvent. « Grâce à sa position géographique stratégique, le Maroc offre également un accès indirect à de nombreux autres marchés. En établissant des partenariats intelligents, le potentiel d'exploitation est énorme », insiste Benchakroun.

Quant à la conclusion d'un accord de libre-échange, il estime qu'il s'agit d'un objectif à moyen terme. Pour le moment, il recommande de rassurer toutes les parties concernées, de mettre en œuvre efficacement la charte de l'investissement et d'accélérer le déploiement du Fonds Mohammed VI afin de favoriser les partenariats public-privé. Il souligne l'importance d"opérationnaliser rapidement ces mesures pour créer un environnement favorable offrant des opportunités aux investisseurs israéliens et étrangers.