Auto-entrepreneurs. Un régime qui ne séduit plus
Le nombre d'adhérents au statut d'auto-entrepreneur connaît un ralentissement significatif en 2022.

L'engouement pour le statut d'auto-entrepreneur au Maroc montre des signes d'essoufflement en 2022, laissant planer des doutes quant à sa capacité à continuer de séduire les entrepreneurs.

Après des années de croissance soutenue, le nombre d'adhérents au statut d'auto-entrepreneur connaît un ralentissement significatif. Les données de la Direction générale des impôts (DGI) révèlent qu'après avoir enregistré une progression exceptionnelle de 119% en 2020 et de 27% en 2021, la croissance a drastiquement diminué en 2022, n'atteignant que 12%. Les nouveaux chiffres, issus du dernier rapport de la DGI, pointent également une chute de 34% dans les nouvelles adhésions en un an, passant de 86 023 en 2021 à 56 699 en 2022. Parmi ces nouveaux entrants, 149 601 ont rejoint le régime en 2022, avec une répartition de 59% de personnes physiques professionnelles et 41% de personnes morales. Parmi les premières, les auto-entrepreneurs constituent 64% des inscriptions totales.

L'Observatoire marocain de la TPME indique que, pour l'année 2021, 99,2% des auto-entrepreneurs actifs au Maroc ont généré un chiffre d'affaires individuel inférieur à 100 000 dirhams.

La loi de finances de 2023 a bouleversé le paysage en excluant du régime les revenus excédant 80 000 dirhams de chiffre d'affaires annuel, avec une imposition de 30% par le biais d'une retenue à la source. Cette mesure, remplaçant le taux d'imposition précédent de 1%, vise à lutter contre l'évasion fiscale et le salariat déguisé. Cependant, cette transition a été critiquée par des experts, notamment le président de l'Union des Auto-Entrepreneurs, Zakaria Fahim, pour qui cette décision entrave les objectifs initiaux du régime. « Ce statut a été créé pour résoudre le chômage et l'informel. Aujourd'hui, nous comptons près de 375 000 auto-entrepreneurs au Maroc, avec l'ambition d'atteindre 4 millions de professionnels en passant de l'informel au formel. Cette mesure est une régression », déplore-t-il.

Le gouvernement justifie sa décision en évoquant la nécessité de lutter contre l'évasion fiscale et le contournement des lois sur le travail. Fahim reconnaît l'existence de fraudeurs, mais souligne qu'ils ne représentent qu'environ 10% de l'ensemble des auto-entrepreneurs. Selon lui, au lieu de pénaliser l'ensemble de la profession, il serait plus judicieux de cibler ces fraudeurs.