Voici comment la France tue la francophonie
Les médias français destinés aux Français n'ont pas vu les jeux de la Francophonie.

Le Centre d’études et de recherche sur le monde francophone a suivi le traitement médiatique des jeux de la Francophonie qui ont eu lieu à Kinshasa, en République démocratique du Congo, premier pays francophone. Ce qu’il a découvert est déconcertant et explique en quelque sorte l’échec de la politique internationale française.

« Le 28 juillet dernier, le journal de 20h00 de France 2 a préféré consacrer un long reportage de 4 minutes et 18 secondes à la très « intéressante » migration des sardines en Afrique du Sud ». On peut dire, et alors? Alors? C’est qu’au même moment s’ouvraient les Jeux francophones à Kinshasa, capitale francophone de la RDC.

Encore une autre? La voici: « deux jours plus tard, la très ancienne et célèbre émission hebdomadaire sportive, Stade 2, diffusée sur France 3, n’a daigné accorder aucune seconde à ce grand évènement francophone sur les 52 minutes et 54 secondes d’antenne ! ».

Ces observations ont été faites par le Centre d'étude et de réflexion sur le Monde francophone (CERMF) qui s’insurge contre la censure des événements francophones sur les chaînes françaises destinées au public français. Le CERMF, par le biaise de son président Ilyes Zouari y va de son analyse: « Au-delà des habituels beaux discours officiels, l’hostilité des milieux politiques et médiatiques français à l’égard de la vaste francophonie ne fait désormais plus aucun doute, et va même en s’aggravant parallèlement à une fuite en avant européiste et atlantiste ».

Pas une seconde

Le constat est sans appel: "Les Jeux de la Francophonie 2023 n’ont toujours pas bénéficié de la moindre couverture médiatique de la part de l’ensemble des grands médias nationaux français de la télévision (TF1, France 2, France 3, M6…), de la presse écrite (Le Figaro, Le Monde, Libération, Ouest-France…) et de la radio. Voilà.

Bien sûr les médias destinés à l’international et qui font tous partie de l’armada médiatique de l’Etat français diffusent les informations méprisées par les autres.

« Ainsi, et sur les quelques dizaines d’heures de journaux télévisés accumulés depuis le 28 juillet dernier, et sur les centaines d’articles publiés par les grands quotidiens nationaux, aucune seconde ni aucune ligne n’a été consacrée à ce grand événement sportif francophone international, même pour les médailles remportées par des Français », déplore le CERMF.

Résultat de toute cette politique de censure, « la population française ne sait pratiquement rien du monde francophone, et en particulier des pays francophones du Sud, au sujet desquels les médias français n’alimentent qu’une image terriblement négative ».

C’était prévisible

On sent que la France perd du terrain, cela se voit. D’ailleurs, on l’a déjà expulsée du Mali et du Burkina et on se prépare à le faire au Niger.

Le CERMF investigue l’aide publique au développement et trouve qu’ « il n’y a qu’un seul et unique pays francophone parmi les 10 premiers pays bénéficiaires des aides françaises au développement (la Côte d’Ivoire, 8e). La Pologne, premier pays bénéficiaire, a reçu 9,3 trois fois plus d’aides que le Maroc, à la population quasi égale et grand allié de la France (2,565 milliards d’euros, contre 0,277 milliard). Et la minuscule Estonie, peuplée de seulement 1,3 million d’habitants, a reçu davantage d’aides que la vaste RDC, plus grand pays francophone du monde et qui vient de dépasser les 100 millions d’habitants (156 millions d’euros contre 147 millions). Là aussi, incroyable mais vrai… et totalement occulté par les médias ».

Les médias français auraient pu dire, en deux mots, ce n'est pas très fatigant, que le Maroc s'est classé premier de ces jeux en nombre de médailles gagnées. Mais bon des centaines de médias beaucoup plus suivis qu'eux en ont parlé. 

Bref, disons-le, la francophonie est trop importante pour la laisser aux Français.

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