Ligue arabe. Le Maroc propose une feuille de route unioniste

En présidant les travaux de la 160e session du Conseil de la Ligue arabe, ouverts mercredi 6 septembre au niveau des ministres des Affaires étrangères, le Maroc tend à casser l’adage soutenant que les Arabes se sont mis d’accord pour ne jamais se mettre d’accord.

Nasser Maroc préside, au nom du Maroc, les travaux de la 160e session du Conseil de la Ligue arabe. Ce conclave réunit, au Caire, les chefs de la diplomatie des pays arabes. À l’ouverture de cette session, tenue mercredi 6 septembre, Nasser Bourita a présenté les grandes lignes de la feuille de route marocaine, qui montre la voie de l’unité, nécessaire, pour la défense des intérêts de la région arabe dans un monde marqué par de profonds changements géostratégiques.

«La situation actuelle dans le monde arabe, caractérisée par sa fragilité et sa complexité, à l'heure de la prolifération des foyers de tension et de crises dans un contexte international compétitif, ne peut être transcendée en l'absence d'une vision commune adossée à une volonté politique forte et à un engagement effectif en faveur des principes de respect du bon voisinage, de la souveraineté nationale et de l'intégrité territoriale des États», a souligné le ministre des Affaires étrangères, de la Coopération africaine et des Marocains résidant à l’étranger en partageant avec ses homologues arabes la conviction du Royaume, sous la conduite du Roi Mohammed VI, que le destin de la nation arabe dépend de la coordination des efforts de tous ses pays.

Le ministre a insisté, face aux risques actuels, sur la nécessité d’une volonté politique forte et d’un engagement effectif en faveur des principes de respect du bon voisinage, de la souveraineté nationale et de l'intégrité territoriale des États».

Il s'agit, poursuit Bourita, d'une vision qui a pour but d'«impulser de véritables opportunités de partenariat et de coopération régionaux et de mobiliser les ressources créatives de nos pays à même de relever les défis communs et globaux de développement».

Le ministre a mis en avant la Vision Royale devant encadrer la coopération arabe commune, qui consiste en l'adoption d'une «stratégie arabe solidaire» qui réponde aux défis auxquels sont confrontés les pays arabes. Cette Vision, a-t-il expliqué, «repose sur un ensemble de priorités, notamment la création d'un environnement propice au règlement des différends bilatéraux, à travers l'examen de l'état d'avancement de l'action arabe commune et l'identification des obstacles, pour aller de l'avant, en déployant le maximum d'efforts pour la création d'un environnement favorable au règlement de ces différends, et le renforcement de la confiance sans laquelle les objectifs escomptés et la réponse aux aspirations des peuples en matière d'unité, d'harmonie et de dignité, ne sauraient être atteints». 

Bourita a également souligné la nécessité de mettre en phase les questions politiques et les enjeux de développement, en veillant à continuer d'accorder l'intérêt mérité à ces questions politiques et à relever les grands défis de développement, notamment en ce qui concerne les projets d’investissement et d’échanges d’expériences, considérés comme les piliers de la sécurité nationale, l’essence même des préoccupations des pays arabes, le principal indicateur de fiabilité du travail commun et le meilleur moyen permettant d'être au diapason de la mondialisation et de la société du savoir et de la communication.

Le ministre a appelé à œuvrer pour une complémentarité dans le cadre de groupements régionaux arabes harmonieux, en adoptant une approche qui soit plus solidaire et complémentaire, aussi bien dans le cadre de ces groupements intégrés que d'un bloc arabe solide, à même de répondre aux aspirations vitales et réelles des peuples frères, pour un progrès commun et une intégration raisonnable.

Il a mis l'accent sur l'importance d’intégrer de nouveaux partenaires en élargissant l’espace de coopération arabe entre les gouvernements, à travers des projets qui regroupent des instances politiques et représentatives, les collectivités territoriales, la société civile, les acteurs économiques et sociaux, ainsi que les élites intellectuelles, médiatiques et artistiques, en plus de bénéficier des opportunités de partenariats entre la ligue arabe et d’autres groupements régionaux et grands États, dans le cadre du respect des spécificités des peuples arabes et de leurs identités nationales.

Il s'agit aussi d’œuvrer pour la consolidation de la coopération sud-sud sur la base de l’efficacité, de la performance et de la crédibilité dans ses dimensions aussi bien humaines que sur le plan de l’investissement et de l’économie, a-t-il soutenu. 

«Le Royaume du Maroc a toujours cru en une action arabe commune qui soit réaliste et pragmatique et qui tient compte des questions politiques, économiques, sociales et de développement», a répété le ministre lors de la conférence de presse conjointe, donnée après son intervention, avec le Secrétaire général de la Ligue arabe, Ahmed Aboul Gheit. Le ministre a réaffirmé par la même occasion que le Maroc tiendra, lors de sa présidence du Conseil de la Ligue arabe, à accorder une importance primordiale à ces questions qui pointent au cœur de l’action arabe commune.

Sur le plan organisationnel, Nasser Bourita a mis en exergue la nécessité de moderniser les instances et mécanismes de l'action arabe commune, à l'instar des autres groupements régionaux qui ont fait de l’intégration économique le prélude idoine à la réalisation de l'unité et de la complémentarité entre leurs membres.

En conférence de presse, Bourita a indiqué que la présidence marocaine œuvrera pour activer les résolutions de la Ligue arabe et assurer une meilleure préparation des prochaines échéances arabes, notamment le Sommet de développement économique et social prévu en novembre prochain en Mauritanie, outre le sommet arabe qui aura lieu à Bahreïn. 

Fin de la surenchère sur la question palestinienne 

La cause palestinienne restera à la tête des priorités de l'action arabe commune, a assuré Nasser Bourita, soulignant qu'il s'agit d'un engagement sincère adopté par le Maroc, sous la conduite de SM le Roi Mohammed VI, Président du Comité Al-Qods, loin de toute surenchère stérile. 

Le ministre a fait savoir qu’au cours de la réunion des ministres des Affaires étrangères, il a été convenu d’une myriade de résolutions préparées lors de la réunion des délégués permanents, notamment la résolution relative à la question palestinienne, notant que le Maroc, sous le leadership de Sa Majesté le Roi, mène des efforts sur le terrain pour soutenir la résistance des Palestiniens dans des secteurs vitaux comme la santé, l’éducation et le logement, à travers l’Agence Bayt Mal Al-Qods Acharif. 

Bourita a indiqué, dans ce sens, que le Maroc est convaincu que l’action politique au sujet de la question palestinienne doit être accompagnée d’une action sur le terrain, rappelant que l’Agence Bayt Mal Al-Qods a supervisé le financement de plus de 200 grands projets et des dizaines de petits et moyens projets pour un montant avoisinant 64 millions de dollars. 

Évoquant la situation dans certains pays arabes qui connaissent toujours des crises politiques, des guerres et des conflits, à l’instar de la Syrie, du Yémen et du Soudan, le ministre a déclaré que le Maroc, sous la conduite de SM le Roi, nourrit un grand espoir de voir la stabilité régner dans ces pays, en faisant prévaloir le dialogue et les initiatives pacifiques, loin de la logique de la force et des solutions militaires.

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