Coeur artificiel. Une équipe marocaine réussit un exploit
Il est tout à fait possible d'avoir une vie assez normale avec le LVAD

Prousesse chirurgicale 100% marocaine ! Une équipe médicale vient de réaliser à Casablanca la première implantation réussie du dispositif Heart-Mate 3 LVAD au Maroc.

L'une des meilleures alternatives à la transplantation cardiaque, cette opération constitue une solution au manque de don d'organes comme l'expliquent les spécialistes. Dans un entretien accordé à la MAP, Dr Mohamed Amrani, chirurgien cardiologue dirigeant le staff médical derrière cette opération, explique les enjeux de cet exploit. " Une réalisation majeure qui ouvre la voie à une évolution du traitement des insuffisances cardiaques au Maroc", s'enthousiasme le spécialiste.

Don d'organes rare

" Jusqu'à il y a cinq ou dix ans, la transplantation cardiaque était pratiquement la seule option viable. La mise en place d'un dispositif d'assistance ventriculaire gauche permanent ou temporaire était en général utilisée comme pont vers la transplantation (Bridge to transplantation) ", précise Dr Amrani.

D'après le chirurgien, cette technique a pu s'imposer à cause de la rareté des dons d’organes. " En effet, un certain nombre de patients chez qui on avait mis ce système, dans le but d’arriver à la transplantation, n’ont jamais pu avoir des organes et on s’est rendu compte entre temps que ces appareils pouvaient durer un temps beaucoup plus long que ce qui était prévu ", ajoute le chef d'équipe.

Devenue une technique complémentaire et parallèle à la transplantation, ces systèmes sont passés du Heart-Met 1 au Heart-Met 3 et sont devenus " extrêmement compétitifs au point de vue efficacité à tel point que dans les prochaines années, ils seront une option réelle à côté de la transplantation ", explique Amrani.

Une première nationale

Ce dernier ne cache pas d'ailleurs sa fierté par rapport à l'importance de cette première nationale. " Réalisée par une équipe 100% marocaine avec aucune interférence étrangère, il s’agit d’une intervention qui est aujourd’hui une alternative viable, au vu des progrès des dispositifs d’assistance ventriculaire ", se targue le spécialiste. Une fierté qui est d'ailleurs compréhensible lorsqu'on considère l'impact d'une telle prouesse médicale et comment elle peut sauver des vies. " Cette technique pourrait dans un futur très proche, être un substitut des transplantations cardiaques qui posent tous les problèmes qu’on connaît ", argumente Dr mohamed Amrani.

Par problèmes, le spéciliaste indique principalement la non disponibilité d’organes, plus précisément de coeurs qui reste tributaire du décès d’autrui. D'où l'intérêt capital d’avoir une alternative, comme le soutient le chirurgien. Déplorant une situation de don d'organes plutôt catastrophique, Dr Amrani estime qu'au Maroc, elle reste plus aiguë car la notion du don d’organe n’est toujours pas ancrée dans les mœurs.

Le coût ?

Quant au coût du dispositif LVAD, il reconnait que ça reste cher ( près de 2 millions de DH ). " Cependant, lorsqu'on le compare avec celui de la transplantation cardiaque et quand on évalue la globalité des coûts des deux options, on s'aperçoit que le coût du LVAD se compare favorablement au coût de la transplantation ", estime le chirurgien. Ce dernirer nous rappelle que les patients marocains sont souvent envoyés en France pour se faire transplantés.

La bonne nouvelle ? " Il y a beaucoup à parier que le prix du système de LVAD va diminuer de manière significative comme on le voit en Hongrie, en Grande-Bretagne et ailleurs ou le prix avoisine les 100 mille euros ", espère le chirurgien cardiologue, fort de 25 ans d'expérience en Grande-Bretagne dans un service dédié aux transplantations cardiaques et aux assistances ventriculaires. Avec son équipe marocaine, il compte 1.500 opérations cardiaques réalisées durant ces quatre dernières années.