Séisme. La survie de l'élevage d'Al-Haouz en jeu
L'élevage d'Al-Haouz en péril, une économie à reconstruire.

Outre les conséquences tragiques pour les habitants et les infrastructures, la province d'Al-Haouz subit également des pertes considérables parmi son cheptel ovin et caprin, qui représente le socle de son économie locale.

Le récent séisme qui a secoué la province d'Al-Haouz au Maroc a eu des conséquences dévastatrices sur les habitants de la région, touchant également de plein fouet l'économie locale, en particulier l'élevage vivrier.

Impact sur l'économie locale

Selon les données du ministère de l’agriculture, le secteur de l'élevage représente un véritable moteur de croissance pour la région de Marrakech-Tensift-Al Haouz, avec une production annuelle de viandes rouges atteignant 60 000 tonnes, soit 12 % de la production nationale. À cela s'ajoute une production laitière annuelle de 500 000 tonnes, soit 20 % de la production nationale. Avec des pertes importantes parmi les troupeaux ovins, caprins et bovins, les éleveurs de la région se retrouvent dans une situation précaire. Les coupures de routes ont compliqué l'accès aux sources d'abreuvage et à l'alimentation pour le bétail, aggravant la vulnérabilité de ces animaux, déjà impactés par un couvert végétal appauvri.

Agriculture vivrière, un secteur essentiel menacé

Ahmed Rafiki, expert agricole, souligne que la région d'Al-Haouz est principalement axée sur l'agriculture vivrière, qui représente une part vitale de l'économie locale. Il explique que la production agricole de la région est principalement destinée à la consommation locale, créant une chaîne interconnectée de production et de consommation. Or, malgré les pertes subies par le cheptel, Rafiki estime que l'impact sur l'économie nationale restera limité.

M’hamed Karimine, président de la fédération interprofessionnelle des viandes Rouges (FIVIAR) confirme l'importance de la région d'Al-Haouz dans le secteur agricole, en particulier en tant que principale région d'agriculture vivrière. Avant le séisme, la région abritait un cheptel estimé à environ 410 000 ovins (représentant 12 % du cheptel de la région de Marrakech-Tensift-Al Haouz), 140 000 caprins et 35 500 bovins. Cependant, « les dégâts dus au séisme ont été considérables, principalement dans les zones montagneuses où le secteur de l'élevage a été le plus sévèrement touché », déplore le professionnel ajoutant que de nombreux agriculteurs ont perdu tout ou partie de leur bétail. Les installations d'engraissement et les bâtiments d'entretien du bétail ont également été endommagés, avec des variations d'une région à l'autre. Les coupures de routes ont rendu difficile l'accès aux sources d'abreuvage et l'approvisionnement en alimentation pour le bétail est devenu problématique, les stocks actuels étant insuffisants pour couvrir les besoins.

Urgence : Sauvegarde et reconstruction du cheptel

Il affirme par ailleurs que des mesures d'urgence sont nécessaires pour répondre aux besoins immédiats, allant de la sauvegarde du cheptel restant à la reconstruction du bétail perdu. Le président de la FIVIAR, annonce dans ce sens, que le ministère de l'agriculture est pleinement engagé dans le recensement des dégâts, tant au niveau des infrastructures d'élevage que sur les animaux eux-mêmes. Ce recensement est en cours dans toutes les zones sinistrées, et des réponses seront apportées pour aider les éleveurs à reconstruire leur troupeau. Il précise aussi que la priorité immédiate est la sauvegarde du cheptel. « Les animaux qui ont survécu à cette catastrophe doivent être alimentés. Un programme d'aide aux éleveurs locaux est en cours de préparation, comprenant la fourniture d'aliments pour le bétail, de citernes d'eau et d'un accompagnement vétérinaire », ajoute-t-il notant que les travaux sont en cours pour rétablir l'économie locale, et la région d'Al-Haouz, destinée à devenir une destination touristique majeure, compte sur le rétablissement rapide de son secteur d'élevage pour soutenir son développement économique.