Bidonvilles de Mayotte. Le manque d'eau potable épuise les habitants

Dans les bidonvilles de Mayotte, eh oui on est en France, où de nombreuses habitations ne sont pas raccordées au réseau d'eau potable, les files s'allongent devant les fontaines publiques: la crise de l'eau s'y fait particulièrement ressentir, poussant les habitants à consommer de l'eau non potable.

"C'est la galère, mais on n'a pas le choix, on s'adapte", confie Yaya, jeune homme de 19 ans qui n'a pas souhaité donner son nom de famille.

Le quartier de Kaweni, situé en périphérie de Mamoudzou, le chef-lieu de l'île française de l'océan Indien, n'échappe pas à la règle. Dans ces "bangas" (bidonvilles), où des habitations en tôles ondulées s'accrochent à la colline, le domicile de Yaya ne se compose que d'un lit et d'une télévision.

Face aux difficultés d'approvisionnement à la fontaine publique, il explique avoir "lâché l'affaire". "On se lève à trois heures du matin sans être sûr de pouvoir remplir ses bidons", déplore-t-il.

Pour pallier le pire épisode de sécheresse enregistré sur l'île depuis 1997, l'eau courante n'est disponible qu'un jour sur trois et seulement 18 heures par jour, pour les populations raccordées au réseau.

Mais pour près d'un tiers de la population, dont les habitations ne le sont pas, selon des chiffres officiels de 2017, comme dans le quartier de Yaya, la situation est encore plus difficile.

"Avant, nous allions tous à la borne fontaine payante située au pied du quartier. Aujourd'hui, c'est devenu mission impossible", déplore-t-il, car trop de gens y font la queue.

Selon Anthony Bulteau, coordinateur de terrain pour l'association Solidarités International, "la consommation d'eau dans les quartiers précaires de Mayotte représente 15 litres d'eau quotidiens par personne, contre 95 litres dans un foyer mahorais et environ 150" en France métropolitaine. Pour ce qui est des bornes fontaines, "leur consommation représentait en 2022 moins de 1% de la consommation totale du territoire", rappelle-t-il.

Avec AFP