« Il est intéressant de réfléchir à la possibilité d'une coopération accrue entre les nations d'Afrique bordant l'Atlantique et leurs homologues des Amériques, aussi bien du Nord que du Sud », note le directeur fondateur du forum des marchés émergents (FEM), Harinder Kohli, participant à la 12ème édition des « Atlantic dialogues » organisés par le Policy Center for the New South. Cependant, cette vision ambitieuse exhorte, selon lui, à la fois à des résultats immédiats et durables dans le temps. « Pour concrétiser cette idée, il est essentiel d'identifier des domaines spécifiques de coopération qui offrent des avantages mutuels immédiats des deux côtés du continent », fait savoir l’expert.

Opportunités de coopération

Pour Harinder Kohli, l'exemple de l'Union européenne offre une inspiration précieuse. « Partant d'une collaboration concrète sur le charbon et l'acier, l'UE a évolué au fil des décennies pour devenir le plus grand groupe commercial régional du monde. Cette réussite repose sur une coopération étendue couvrant des domaines aussi variés que la finance, la politique étrangère, l'énergie, le changement climatique et la régulation. », détaille-t-il ajoutant que « bien que cette transformation ait nécessité un demi-siècle, elle a débuté avec la noble intention de prévenir une nouvelle guerre. Malgré l'absence de menaces similaires dans la région atlantique, des défis concrets tels que le trafic de drogue et la contrebande constituent des enjeux partagés des deux côtés ». La coopération pourrait alors débuter, comme le souligne Harinder Kohl, par des problématiques urgentes telles que la pénurie alimentaire en Afrique et l'excédent alimentaire en Amérique latine. Des similitudes linguistiques et des intérêts communs entre des pays tels que le Brésil et l'Angola pourraient servir de base à une collaboration immédiate.

Le professionnel insiste sur la nécessité d'identifier des domaines clés pour une coopération immédiate tout en maintenant une perspective plus large pour une collaboration à long terme. « La préservation des forêts, notamment en Amazonie et dans le bassin du Congo, émerge comme une possibilité concrète de coopération », propose-t-il ajoutant qu’un précédent accord international protégeant les trois bassins fluviaux - l'Amazonie, le Congo et l'Asie du Sud-Est autour de l'Indonésie - pourrait inspirer une collaboration similaire le long de l'Atlantique.

Harinder Kohl suggère que cette vision novatrice pourrait débuter par un accord bilatéral entre l'Afrique de l'Ouest et l'autre côté de l'Atlantique. L'inclusion progressive de certains pays initiateurs pourrait élargir ce partenariat au fil du temps. En résumé, cette idée stimulante offre une opportunité sans précédent, selon l’expert qui ajoute que le Maroc, en tant qu'acteur central, pourrait jouer un rôle crucial en tant qu"intermédiaire dans la concrétisation de cette vision prometteuse.