PLF 2024. Les PME et TPE en péril
Le PLF2024 pénalise les petites structures selon la confédération marocaine de TPE-PME.

Le PLF 2024 suscite des inquiétudes quant à son impact sur les PME et TPE. La confédération du secteur tire la sonnette d'alarme. Selon elle, la relance des programmes FORSA et INTELAKA, une approche équilibrée, et la transparence dans la gouvernance sont essentielles pour soutenir ces structures actuellement menacées de faillite.

« Alors que de nombreuses TPE-PME sont, le PLF 2024 semble favoriser les grandes entreprises au détriment des petites structures », résumé le président de la confédération marocaine de TPE-PME, Abdellah El Fergui.

Des mesures insuffisantes

El Fergui estime que le PLF 2024 ne propose aucune mesure spécifique visant à accompagner et sauver les TPE-PME marocaines, malgré les défis économiques auxquels elles font face. « Cette négligence, combinée à l'arrêt des programmes de financement FORSA et INTELAKA, ainsi qu'à l'absence des décrets d'application de la loi 156, la hausse des prix du carburant, l’augmentation du taux directeur à 3% et la sécheresse… fragilisent davantage ces entreprises », note la confédération. Elle ajoute que le gouvernement a adopté des mesures qui continuent de peser sur les TPE, notamment l'augmentation progressive des impôts de 10 à 20% sur une période de 4 ans. Cette année, les TPE seront soumises à des impôts de l'IS de 15%. Et cela enfonce encore le clou. En revanche, la même source souligne que les grandes entreprises bénéficient d'exonérations d'impôt sur les sociétés, de la TVA et de l'impôt sur le revenu, en plus d'incitations financières et foncières. « Elles ont pu aussi bénéficier dans le cadre du PLF2024 d’avantages significatifs pour stimuler l'investissement et la création d'emplois. Cependant, malgré les incitations, les mégaprojets, d’après la confédération, ne créent que peu d'emplois par rapport aux avantages accordés. Les chiffres dévoilent une réalité alarmante avec seulement 17 500 emplois créés contre plus de 25 000 TPE ayant fait faillite en 2022 entraînant la perte de dizaines de milliers d'emplois. « La moitié de ces TPE et emplois ont été transférés vers le secteur informel, qui emploie désormais 77,3% au Maroc », précise la confédération qui déplore que 250.000 petites structures sont menacées de faillites aujourd’hui, et ce dans différents secteurs notamment le BTP, l'industrie, tourisme, l'artisanat, les services, le commerce, le transport et bien d’autres.

Pour la confédération marocaine des TPE-PME, les programmes FORSA et INTELAKA sont de véritables réussites. «Ces programmes offrent la possibilité de créer des emplois avec un financement relativement modeste. Cependant, nous pourrions aller encore plus loin en augmentant le financement à 200.000 dirhams ou 250.000 dirhams par projet. De plus, l'application de la loi 156, qui accorde 20% des marchés publics aux TPE-PME et 10% aux Auto-entrepreneurs, ainsi que d'autres mesures incitatives, pourrait permettre d'obtenir de meilleurs résultats », préconise la même source. Cependant, l'arrêt du programme FORSA dans le PLF 2024 et l'attente du rapport de la Cour des Comptes pour Intelaka soulèvent des préoccupations. La relance de ces programmes est proposée, avec une augmentation des financements et une gouvernance transparente.

Appel à une approche équilibrée 

La Confédération Marocaine des TPE-PME appelle le gouvernement à reconsidérer sa position et à adopter des mesures spécifiques pour sauver les petites entreprises. Elle souligne le manque de concertation et de consultation lors de l'élaboration du PLF et des programmes, dénonçant les pratiques discriminatoires de la DGI et de la CNSS envers les TPE-PME. « Nous attirons l'attention sur les lourdeurs administratives, les délais d'obtention des autorisations et la lenteur dans la mise en œuvre des différentes lois et programmes, y compris la digitalisation », regrette la confédération.