" L'IA pourrait faire du Maroc un leader en énergies renouvelables "
Le jeune doctorant affiche de belles ambitions en matière d'IA appliquée aux énergies renouvelables

Oussama Boussif, est un jeune prodige marocain qui prépare actuellement son doctorat au prestigieux Institut québécois d'intelligence artificielle (MILA). Du Lycée d'Excellence à Benguerir à l'Université de Montréal en passant par CentraleSupélec à Paris, il raconte son parcours scientifique, comment il a trouvé sa vocation et comment il compte mettre son savoir en intelligence artificielle au service de son pays.

L'Observateur du Maroc et d'Afrique : Parlez-nous de votre parcours d'élève et d'étudiant au Maroc et ailleurs ?

Oussama Boussif : J'ai suivi mes études au lycée Ihssane à El Jadida où j'ai obtenu mon baccalauréat en sciences mathématiques A. Cette même année, j'ai réussi le concours général de sciences et techniques en physique. Me classant premier, j'ai pu obtenir une bourse d'études décernée par l'Académie Hassan II des sciences, qui m'a soutenu financièrement tout au long de mon parcours.

Ensuite, j'ai suivi des classes préparatoires au Lycée d'Excellence Mohammed VI. Faisant partie de la première promotion, j'ai étudié en MPSI (Matématique, physique et sciences de l'Ingénieur ) la première année et en MP la deuxième année. J'ai ensuite intégré CentraleSupélec en France, où j'ai obtenu un diplôme d'ingénieur en mathématiques appliquées et sciences des données, ainsi qu'un master de recherche MVA ( (Mathématiques, Vision, Apprentissage) de l'ENS de Paris-Saclay. Enfin, pour mon stage de fin d'études, je l'ai effectué à l'Institut Mila à Montréal où j'ai ensuite commencé mon doctorat en 2023 sous la supervision du Professeur Yoshua Bengio.

Comment vous avez trouvé votre vocation ? Et pourquoi au juste l'intelligence artificielle ?

À la base, mon intention était de me lancer dans la recherche en physique théorique. C'était un domaine qui me passionnait profondément. J'étais constamment en quête de comprendre davantage, d'approfondir mes connaissances au-delà de ce que j'avais acquis à l'école. C'est ainsi que j'ai choisi de m'orienter vers la recherche.

Concernant l'intelligence artificielle, mon point de départ était DeepMind (NDLR : Entreprise spécialisée dans l'intelligence artificielle appartenant à Google). Cette dernière avait développé des algorithmes capables de jouer à des jeux vidéo et même de battre des humains aux échecs et au jeu de Go. Pour moi, c'était une véritable prouesse démontrant que l'intelligence n'était plus l'apanage exclusif des humains mais quelque chose que nous pouvions façonner et même améliorer au-delà de nos capacités.

Après avoir entamé mon stage de fin d'études avec Pr Yoshua Bengio en 2021, il m'a dirigé vers le domaine de l'IA appliquée à la découverte scientifique. Une orientation qui renforçant en effet ma conviction que l'IA allait devenir un outil essentiel pour faire progresser la connaissance collective de l'humanité.

A Benguerir, lors de la Semaine de la science, vous avez partagé vos idées à propos du potentiel de l'IA dans les prévisions météorologiques et l'optimisation de l'énergie solaire. Expliquez-nous votre vision ? Et comment ça peut aider le Maroc à surmonter les défis énergétiques ?

La différence fondamentale entre l'apprentissage automatique et les algorithmes basés sur des instructions réside dans la capacité de l'apprentissage automatique à générer des situations qui n'avaient pas été rencontrées auparavant. Cela est particulièrement applicable dans le domaine de la prévision météorologique où les centres météorologiques actuels doivent constamment relancer plusieurs simulations sur des calculateurs puissants, avec l'aide d'experts, afin de produire des prévisions plausibles.

La promesse de l'IA est de pouvoir simuler la météo en fournissant aux modèles les mesures des variables physiques, sans avoir besoin d'experts ni de capacités de calcul importantes. Cela est particulièrement avantageux lorsqu'il s'agit de prévoir des ressources renouvelables telles que le vent ou l'irradiance solaire, car cela nous permet de mieux gérer ces énergies, de réduire leurs coûts et d'augmenter leur adoption. Par conséquent, nous réduisons notre dépendance aux énergies fossiles et pouvons nous positionner en tant que leaders, que ce soit en Afrique ou dans le monde entier, grâce à notre bonne gestion de l'énergie renouvelable.