Maroc et Espagne, des relations de logique et de cœur
Mbarka Bouaida. "La récente position de l'Espagne sur la question du Sahara représente une avancée importante".

Dans l’une de ses interviews, Pedro Sánchez a déclaré que « nous sommes des pays alliés, voisins et frères ». C’est la perception que nous ressentons du moment historique des relations bilatérales entre l’Espagne et le Maroc après le 7 avril 2022.

Maroc et Espagne : nous ne sommes pas seulement proches géographiquement; Nous sommes deux nations qui partagent une histoire vieille de plusieurs siècles et un destin commun. La relation entre les deux pays est une relation de cœur et de logique. Du cœur, compte tenu du lien humain qui a toujours existé entre ces deux peuples au cours de l’histoire. Et à juste titre, compte tenu de la convergence de leurs intérêts stratégiques dans la région.

Pour l’Espagne, le Maroc a toujours été un partenaire fiable, tant sur le plan politique qu’économique, et un voisin qui partage les mêmes préoccupations, notamment en matière de sécurité. Le Maroc, quant à lui, a toujours considéré son voisin ibérique comme un partenaire de long terme, malgré quelques malentendus inhérents à toute relation entre États souverains. 

Au fil du temps, ces difficultés passagères n’ont fait que consolider et renforcer les relations entre les deux pays.

Les intérêts stratégiques qui unissent nos deux pays et les défis communs auxquels nous sommes confrontés, tant au niveau régional que mondial, nécessitent un dialogue permanent et un renforcement des mécanismes d'association. La coopération sur les questions de sécurité et de migration est devenue cruciale, compte tenu du contexte mondial marqué par le changement climatique, la fragilité sociale, l’instabilité politique et les défis économiques.

Sous l'égide du Roi Mohammed VI, le Maroc a engagé un vaste programme de réformes dans les domaines politique, économique et social, dans le but de consolider les acquis démocratiques, les libertés et droits des citoyens et la protection des groupes vulnérables. Aujourd’hui, le Maroc confirme sa vision d’un État social. De nombreux projets sont en cours : sécurité sociale, subvention directe, réforme de l’éducation, réforme de la santé, augmentation du salaire minimum…

En ce sens, la consécration des droits des femmes et leur promotion sociale et politique font partie du Maroc d'aujourd'hui. La Constitution de 2011 avait institutionnalisé la parité dans son article 19. Cela s'est reflété dans la représentation active des femmes dans différentes organisations publiques et dans l'adoption de lois fondées sur la discrimination positive.

Le Maroc consacre les droits des femmes et leur promotion sociale : la Constitution de 2011 institutionnalise la parité dans son article 19

Par ailleurs, le Code de la famille, adopté en 2003, fait actuellement l'objet d'une réforme majeure. Sous l'impulsion royale, une commission a été créée pour écouter toutes les forces vives du pays et procéder à des consultations pour proposer des réformes adaptées aux nouvelles exigences des réalités socio-économiques du pays, et dans le respect des principes de parité.

Cela dit, je ne peux m'empêcher de parler d'une autre grande réforme qui découle également de la Constitution de 2011, celle de la régionalisation avancée comme modèle de gouvernance qui promeut une démocratie participative active et valorise les caractéristiques spécifiques de chaque région.

A cet effet, j'ai eu l'honneur de participer à cette expérience importante pour le pays, en me présentant aux élections régionales en 2015 puis en 2021 ; et a été élue première femme présidente de la région de Guelmim Oued Noun, dans le sud du Maroc.

Ces régions du sud, auparavant majoritairement sous contrôle espagnol, connaissent un dynamisme économique, social et culturel sans précédent, conséquence d'une réelle vision à travers le nouveau modèle de développement des provinces du sud lancé en 2015.

Le Maroc est une démocratie participative active qui valorise les spécificités de chaque région

C'est pourquoi la récente position de l'Espagne sur la question du Sahara représente une avancée importante dans le processus diplomatique visant à résoudre un différend qui ralentit le développement de la rive sud de la Méditerranée. L'Espagne, en vertu de sa responsabilité morale, est appelée à jouer un rôle positif et constructif dans la résolution définitive de cette question et à permettre à la population sahraouie kidnappée à Tindouf, dans des conditions effroyables, de retrouver ses frères et sa patrie.

Plus que jamais, le Maroc et l'Espagne doivent promouvoir un modèle de collaboration capable de consolider davantage les relations avec l'Union européenne, et de promouvoir la stabilité, la sécurité et le développement des deux continents, l'Europe et l'Afrique. Ce partenariat est essentiel pour relever les défis communs et saisir les opportunités ensemble, dans un esprit de coopération et de solidarité.

* Mbarka Bouaida est présidente de la région Guelmin Oued Noun, présidente de l'Association des Régions et ancienne ministre déléguée auprès du ministre des Affaires étrangères du Maroc.