Crise hydrique. Un sursaut collectif face à l'urgence
Nizar Baraka, ministre de l'équipement et de l'eau.

La situation est critique. La pénurie d'eau au Maroc exige une mobilisation collective de toutes les parties impliquées. Bien que des mesures aient été prises et qu'un programme d'urgence ait été instauré, un effort soutenu demeure essentiel. Explications du ministre de l'équipement et de l'eau, Nizar Baraka.

Le stress hydrique a été au centre des débats lors d’une rencontre à Casablanca organisée par le bureau régional Casablanca-Settat de l’alliance des ingénieurs istiqlaliens en partenariat avec la Fondation Konrad-Adenauer au Maroc sous le thème « La guerre de l’eau: Le stress hydrique, qui gagnera ». Le ministre de l’équipement et de l’eau, Nizar Baraka a dressé à cette occasion un état des lieux de la problématique et exposé la stratégie adoptée pour y faire face.

Le Maroc est actuellement confronté à une menace sans précédent, une pénurie d'eau alarmante. L'ombre de la sécheresse devient de plus en plus tangible, accentuée par les récentes restrictions, notamment celles liées aux horaires d'ouverture des hammams, des stations de lavage, et les limitations de la consommation d'eau potable.

Selon le ministre, « le pays a récemment enregistré 4 milliards de mètres cubes d’eau au niveau des barrages avec un taux de remplissage de 25 %, contre 23,4 % à la fin du mois de janvier 2024 ». Une amélioration certes, mais qui reste insuffisante et en deçà des attentes. Nizar Baraka a expliqué par ailleurs que les actions du plan d’urgence pour la gestion de l’eau s’inscrivent dans une vision stratégique arrêtée par le Roi Mohammed VI qui vise à mettre en œuvre une véritable politique intégrée de l’eau, à travers une planification et des projections qui prennent en compte la donne des changements climatiques et le cycle de l’eau, et surtout à travers une mobilisation de tous les acteurs concernés, et des partenaires aussi bien publics que privés.

Le ministre a mis l’accent sur les initiatives visant à accélérer la construction de barrages et à la création d'un réseau interconnecté entre les différents barrages, en mettant particulièrement l'accent sur les bassins. « Cette initiative permet de dévier l'eau qui aurait autrement abouti en mer vers les régions présentant le plus grand besoin, notamment les villes de Rabat et Casablanca. Grâce à cette mesure, nous avons réussi à surmonter la problématique, évitant ainsi d'avoir à instaurer des coupures d'eau dès le 18 décembre dernier », rassure Nizar Baraka ajoutant que le travail sera poursuivi jusqu'au bassin d’Oum Er Rabia, dont la situation est actuellement critique, dans le but d'assurer l'approvisionnement en eau potable et d'optimiser l'irrigation dans les régions de Tadla, partiellement dans les Doukkalas, ainsi que dans la zone de Tensift.

Sur le volet dessalement, le ministre souligne que le Maroc passera de 140 millions de mètres cubes à 1,4 milliard de mètres cubes d'ici 2030, représentant un bond significatif. « La plus grande station sera celle de Casablanca, avec 300 millions de mètres cubes, suivie de la station de Nador, qui atteindra 250 millions de mètres cubes », fait-il savoir. « Nous intensifierons nos actions avec le ministère de l'Intérieur et les collectivités locales pour la réutilisation des eaux usées, une initiative cruciale pour alléger la pression sur les barrages, les réservant exclusivement à l'eau potable et à l'irrigation », promet-il ajoutant que des efforts considérables seront déployés aussi en matière d'économie d"eau pour rationaliser son utilisation, améliorer sa valorisation, et surtout, mettre un terme au gaspillage.