Dossier du Sahara marocain - Stéphane Séjourné : «Il est temps d’avancer»

Le ministre français de l’Europe et des Affaires étrangères, Stéphane Séjourné, s’est voulu «précis», lundi à Rabat, en soulignant la position de son pays concernant le dossier du Sahara.

Le chef de la diplomatie française, Stéphane Séjourné, a réitéré lundi le soutien "clair et constant" de la France au plan d'autonomie marocain pour la résolution définitive de la question du Sahara. «Il est temps d’avancer», a-t-il déclaré en abordant cette question lors d'une conférence de presse donnée à Rabat avec le ministre des Affaires étrangères, de la Coopération africaine et des Marocains résidant à l’étranger, Nasser Bourita, à l’issue d’une rencontre tenue entre les deux responsables. 

"C'est un enjeu existentiel pour le Maroc. Nous le savons", a précisé le ministre français des Affaires étrangères.

"Le Maroc a beaucoup investi dans les projets de développement au bénéfice des populations locales et en matière de formation, d'énergies renouvelables, de tourisme, d"économie bleue liées aux ressources aquatiques", a ajouté Stéphane Séjourné en assurant que son pays veut "accompagner le développement" des Provinces du sud "en appui des efforts marocains".

De son côté, Nasser Bourita a déclaré que la France est un partenaire distingué du Maroc sur les plans politique, économique et humanitaire. Pour lui, les relations entre les deux pays, qui sont "singulières, sans pareil et profondément ancrées dans l’histoire", sont appelées "à se renouveler dans le cadre de l’estime mutuelle et de la coordination étroite" pour s’adapter aux différentes évolutions sur les plans bilatéral, régional et international.

Renouvellement des relations bilatérales  

Les relations bilatérales se trouvent "à un moment de renouvellement et de développement en termes de contenu, d’approches et d’acteurs pour être en phase avec les évolutions survenues sur la scène internationale et avec les changements que connaissent les deux pays", a-t-il ajouté.

Il a, en outre, fait remarquer que la visite au Maroc de M. Séjourné intervient dans le cadre de la ferme détermination de SM le Roi Mohammed VI et du président français Emmanuel Macron à impulser le partenariat stratégique bilatéral sur des bases fortes, en capitalisant sur les assises historiques et humaines solides auxquelles sont adossées ces relations, tout en tirant profit des acquis enregistrés dans le cadre de ce partenariat depuis des décennies.

Le ministre a, par ailleurs, relevé que le Maroc, à la faveur des réformes initiées sous l’impulsion de SM le Roi Mohammed VI, tant sur le plan politique qu’économique, se positionne désormais en tant qu’acteur fiable et crédible auprès de ses partenaires.

"Sous le leadership de SM le Roi, le Maroc est devenu un pôle de stabilité, une force politique et un acteur essentiel dans son environnement", a-t-il souligné.

L’heure est à la préparation des échéances à venir, selon Bourita, avec comme objectif l’appui de l’échange des visites ministérielles sectorielles dans la perspective de conclure des accords et des initiatives susceptibles de raffermir les liens pour amorcer un véritable tournant dans les relations bilatérales.

Par ailleurs, Bourita a indiqué avoir évoqué avec son homologue français les moyens de renforcer l’action commune en Afrique et dans la région du Sahel.

Ressusciter l’UpM 

Le ministre a également que les deux pays ont toute la légitimité et sont investis d’une responsabilité commune pour être au-devant de la réflexion sur le renouveau de l’Union pour la Méditerranée (UpM), a affirmé le ministre des Affaires étrangères, de la Coopération africaine et des Marocains résidant à l’étranger. Et Nasser Bourita d’ajouter : "le Maroc et la France doivent travailler ensemble pour faire renaître l’UpM qui se trouve aujourd’hui dans une situation de léthargie".

Rappelant que le Maroc et la France ont joué un rôle clé dans le lancement de cette institution, Bourita a noté que le Royaume a incarné l’UpM à travers deux secrétaires généraux successifs et qu’il est aujourd’hui "le seul pays du Sud qui contribue financièrement au budget de l’Union sans oublier que c’est le pays qui a présenté le plus de projets pour être labellisés UpM".

Après avoir énuméré la multitude de crises, de conflits ouverts ou latents que connaît la région, le ministre a pointé cette "géopolitique de la peur et du rejet qui prime, avec parfois des raccourcis dangereux et qui a commencé par les pressions migratoires", au sein de la Méditerranée et qui impacte le fonctionnement de l’UpM. 

Le ministre a donné l’exemple des produits agricoles venus du Sud qui font l’objet d’attaques multiples, alors que l’UE en tire un excédent important au détriment du Maroc. Le même constat est valable pour ce qui est du libre-échange à la faveur duquel l’UE réalise un excédent de 10 milliards d’euros.

Il a dans ce même contexte pointé "la stratégie hésitante" de l’Union européenne (UE) vis-à-vis de son voisinage, estimant que cette posture est de nature à entraver toute relance du processus euroméditerranéen.  

Nasser Bourita a plaidé en faveur d’une appropriation par les pays membres de l’UpM de leur destin, loin de la mainmise notamment financière de la Commission européenne, appelant les pays du Sud à assumer leur responsabilité pour la relance de cette institution.