SIDA. Les inégalités hommes-femmes tuent
VIH, une prévalence féminine inquiétante

L'Association de lutte contre le sida (ALCS) lance une nouvelle alerte à l'occasion de la journée mondiale des droits des femmes : L’épidémie du VIH se féminise d'une manière inquiétante à cause notamment des inégalités persitantes. Les chiffres sont éloquents.

" En ce 8 mars, l’ALCS se joint à l’ensemble des militants et militantes des droits des femmes pour rappeler que l’égalité entre les hommes et les femmes ne relève pas seulement d’une nécessité éthique mais aussi d’un défi crucial en matière de santé publique et de lutte contre les épidémies ", explique un communiqué de l'ALCS, publié à l'occasion de la journée mondial des droits des femmes.

"Vulnérabilité" féminine

Lançant une alerte par rapport à la féminisation de l’épidémie du VIH, l'ALCS explique que " c'est une tendance alimentée par les violences juridiques, institutionnelles, physiques et psychologiques à l’égard des femmes, y compris les filles mineures ". Une alerte qui se base sur les chiffres inquiétants du SIDA dans notre pays et spécialement son évolution parmi les rangs des femmes. " En 2023, selon les données du ministère de la Santé et de la Protection sociale, 49% des personnes vivant avec le VIH au Maroc étaient des femmes contre 18% en 1990 ", note la même source.

Une évolution certes inquiétante mais surtout révélatrice de la persitance et l'aggravation des inégalités homme/femme comme le soutient l'ALCS. " Cette féminisation est due aux inégalités entre les hommes et les femmes ainsi qu’aux discriminations qui privent ces dernières de leurs droits humains fondamentaux, y compris le droit à l’éducation, à la santé et aux opportunités économiques ", argumente l'association pionnière active dans la lutte contre le SIDA depuis 1988.

Dépendance et violence

Analysant le phénomène, l'ALCS estiment que ces inégalités, notamment juridiques, créent une dépendance compromettant l’autonomie des femmes et des filles ainsi que leur capacité à prendre des décisions, préserver leur dignité et leur sécurité. " D’autant plus que le risque de contracter le VIH lors d’un rapport hétérosexuel non protégé est de 2 à 4 fois supérieur pour les femmes que pour les hommes ", spécifie-t-on auprès de l'ALCS.

Dans son alerte, cette dernière pointe un autre facteur favorisant cette prévalence féminine: Les violences envers les femmes. " Elles nourrissent l’épidémie à la fois cause et conséquence des inégalités de genre, les violences physiques et psychologiques envers les femmes aggravent leur vulnérabilité au VIH ", regrette-t-on aupr-s de l'ALCS.

Endémique au Maroc au vu des résultats de l’enquête nationale sur la violence à l’encontre des femmes et des hommes réalisée en 2019 par le Haut Commissariat au Plan, cette violence n’épargne pas les filles de moins de 18 ans. " Ces dernières continuent de subir des mariages avant leur majorité. Une violence juridique qui, selon les chiffres diffusés la Présidence du Ministère public, s’est manifestée par la délivrance de 12.940 autorisations de mariage de filles mineures en 2023 ", argumente l'asociation. Le rapport avec le SIDA ? D'après l'ALCS, ce type de mariage est souvent synonyme de privation de droits. " Il expose les jeunes mineures aux risques d’une infection par le VIH ", explique l'association dans son communiqué.

Réduire les risques

Selon l’ONUSIDA, les filles mariées avant l’âge de 15 ans sont 50 % plus susceptibles d’être confrontées à des violences physiques ou sexuelles de la part d’un partenaire et les violences exercées par un partenaire intime augmentent jusqu’à 50% le risque d’infection par le VIH chez les femmes.

Comment lutter contre cette double vulnérabilité face au SIDA ? " Restaurer et renforcer les droits fondamentaux des femmes, y compris le droit essentiel à l’information et à l’accès à la santé, notamment la santé sexuelle, permettrait d’aider à atteindre l’objectif national de l’éradication de l’épidémie de VIH en 2030 ", recommande l’ALCS.